Lycéens et profs en colère contre les mesures sanitaires
Des élèves et des enseignants dénoncent le protocole sanitaire, jugé insuffisant pour freiner l’épidémie de Covid-19
« Dans les classes, on est 35, impossible de respecter la distanciation sociale, fulmine Mathieu Devlaminck, le président de l’Union nationale des lycéens (UNL). Si ça continue comme ça, les lycées vont devenir des clusters. » Et il n’est pas le seul à avoir cette impression. « Dans certaines salles, les fenêtres sont condamnées, ce qui rend impossible l’aération, témoigne une professeure d’histoire-géographie à Villepinte [Seine Saint-Denis]. Et les agents ne sont pas suffisamment nombreux pour assurer le nettoyage.» Selon cette dernière, le protocole sanitaire renforcé que le ministère de l’Education a publié vendredi est insuffisant. Celui-ci prévoit notamment un renforcement de l’aération des classes et des locaux, la limitation du brassage des élèves, quand c’est possible.
Du côté des proviseurs, on sent aussi la température monter : « J’ai des retours provenant d’une vingtaine d’académies qui font état d’une tension forte chez les enseignants, explique Philippe Vincent, secrétaire général du SNPDEN, le principal syndicat des chefs d’établissement. Ils estiment qu’il y a trop de différences entre les mesures sanitaires prises pour les établissements et celles pour le reste de la société civile.» Et cette grogne a commencé à s’exprimer dès lundi. «Des enseignants se sont mis en grève, reconnaît le ministère de l’Education, interrogé par 20 Minutes. Mais nous ne disposons pas pour l’heure de chiffres à ce propos.» Et, mardi, une dizaine de lycées parisiens ont été la cible de tentatives de blocage par des élèves pour dénoncer la faiblesse du protocole sanitaire.
Selon Philippe Vincent, la fièvre n’est pas près de tomber : « La cocotte-minute peut exploser si aucune décision n’est prise. Le risque, c’est qu’on ajoute une crise sociale à la crise sanitaire. » Même son de cloche chez Mathieu Devlaminck : « [Ce] jeudi, il se peut qu’il y ait encore des blocages. Et si avant vendredi 12 h, le ministre ne fait aucune annonce, nous appellerons à la mobilisation. Elle pourrait prendre la forme de sit-in des élèves dans les cours de récréation. » Tous sont d’accord sur un point : il existe des solutions pour faire prendre moins de risques aux profs et aux élèves. «Il y a une demande généralisée d’organiser les cours en demi-groupes avec un système de rotation, indique Philippe Vincent. Ce qui permettrait de réduire de manière drastique le nombre d’élèves présents en même temps au lycée.» La région Hauts-de-France s’est prononcée mardi pour cette solution, jugeant elle aussi le protocole sanitaire incomplet.
«La cocotte-minute peut exploser si aucune décision n’est prise.» Philippe Vincent, secrétaire général du SNPDEN