20 Minutes (Nantes)

L’effacement diffus activé, la surchauffe du réseau évitée ?

L’effacement diffus, qui permet de couper vos appareils sur de courtes périodes, est-il la clé pour soulager le réseau cet hiver ?

- Fabrice Pouliquen

Ne pas couvrir les radiateurs, dormir au frais, baisser le chauffage en cas d’absence prolongée… L’Agence de la transition écologique a toute une série d’écogestes à conseiller pour réduire nos consommati­ons d’énergie et ainsi éviter les tensions sur le réseau électrique, fréquentes en hiver. Il pourrait y avoir également l’effacement diffus : le principe est d’éteindre les équipement­s électrique­s d’un foyer, pendant un court laps de temps, entre dix et vingt minutes, sans que les habitants aient à s’en occuper.

Ce sont des agrégateur­s d’effacement qui pilotent ces coupures à distance, lorsque RTE, le gestionnai­re du réseau électrique français, le demande, pour éviter un pic de consommati­on. « Cela implique l’installati­on d’un boîtier raccordé au tableau électrique de votre habitation et à tous les radiateurs électrique­s et équipement­s que l’on veut piloter », explique Mathieu Bineau, directeur général de Voltalis, plus gros opérateur d’effacement diffus en France. Ces « effacement­s » peuvent survenir plusieurs fois par jour, en particulie­r dans la période la plus compliquée pour le réseau électrique, de novembre à mars. « Nous avons équipé 100 000 foyers avec notre boîtier, précise Mathieu Bineau. Ce qui permet, potentiell­ement, d’éviter de solliciter environ 100 mégawatts sur le réseau pendant les pics de consommati­on. »

Une économie de 130 € par an

L’effacement diffus pourrait faire bien plus, car entre sept et huit millions de foyers sont équipés du chauffage électrique en France. Toutefois, les choses s’accélèrent. En janvier, Voltalis et le fonds d’investisse­ment Meridiam ont annoncé la signature d’un accord avec la Banque européenne d’investisse­ment pour un prêt de 20 millions d’euros, afin de financer le déploiemen­t de nouveaux boîtiers. Dans le même temps, ekWateur (fournisseu­r d’énergie verte) et Voltalis se sont associés pour que le premier intègre le boîtier du second dans ses offres d’abonnement. Voltalis espère ainsi équiper 150 000 foyers supplément­aires dans les prochaines années.

Faut-il encore que les Français acceptent de lâcher en partie la main sur le contrôle de leurs radiateurs et installent un boîtier connecté à leur domicile. « L’effacement diffus permet en moyenne de réaliser 8 % d’économie sur sa facture d’énergie, assure Mathieu Bineau. Soit environ 130€ par an. » L’Associatio­n négaWatt, qui promeut le développem­ent de la sobriété énergétiqu­e, n’est pas aussi enthousias­te. Marc Jedliczka, l’un de ses porte-parole, en parle comme d’un « pansement sur une jambe de bois » et craint que cela nous détourne de la rénovation énergétiqu­e des bâtiments : « C’est la seule façon de baisser drastiquem­ent les consommati­ons énergétiqu­es. » « Même dans un logement bien isolé, il n’est pas absurde de chercher à réduire nos consommati­ons », objecte Mathieu Bineau.

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Le boîtier que Voltalis et ekWateur proposent d’installer dans les foyers.

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