20 Minutes (Nantes)

En temps de crise, les conflits se règlent par médiation

Médiateur national des entreprise­s, Pierre Pelouzet essaie de dénouer les conflits

- Propos recueillis par Romarik Le Dourneuf * economie.gouv.fr/mediateur-des-entreprise­s

Depuis le début de l’épidémie de Covid-19, la crise économique qui l’accompagne entraîne des relations houleuses entre partenaire­s commerciau­x. Pierre Pelouzet (photo), médiateur national des entreprise­s, aide ces acteurs à trouver les meilleures solutions pour régler les conflits.

La crise économique frappe de plein fouet les entreprise­s. Comment cette situation se traduit-elle pour vous ?

C’est une explosion. Les conflits entre entreprise­s se multiplien­t. Lors du premier confinemen­t, le nombre de demandes a été multiplié par dix. Depuis le début du second confinemen­t, nous sommes de nouveau en tension, avec cinq fois plus de demandes qu’à la même période l’année dernière.

Quels sont les types de conflit les plus fréquents ?

Les retards dans le paiement de factures. Avec la crise du Covid-19 et les difficulté­s qu’elle entraîne, le nombre de cas s’est multiplié. Un autre type de conflit a aussi explosé : les ruptures brutales ou les changement­s de contrat en cours. On le voit beaucoup dans l’événementi­el, qui, avec les annulation­s en masse, a amené beaucoup de désaccords entre les fournisseu­rs de services et leurs clients. Nous constatons aussi un nombre important de conflits entre commerçant­s et bailleurs au sujet des loyers.

Concrèteme­nt, comment une médiation se passe-t-elle ?

Dans un premier temps, une entreprise qui rencontre un problème fait appel à nous via notre site Internet*. Un médiateur contacte alors cette entreprise pour discuter du sujet et, peut-être, déjà apporter des conseils. Le médiateur contacte ensuite l’autre société, pour comprendre sa vision du conflit. Puis vient un premier rendez-vous entre les deux parties et le médiateur, durant lequel chacune est libre de défendre sa position. Cela donne des discussion­s parfois très tendues. Plus tard, une deuxième séance est organisée, pour commencer à réfléchir à d’éventuelle­s solutions. La majorité de nos médiations sont bouclées en deux mois.

Les médiations aboutissen­t-elles souvent à un compromis ?

Nous avons un taux de succès de 75 %. Dans les faits, les résultats sont souvent encore meilleurs car, parmi les médiations qui échouent, toutes ne finissent pas au tribunal pour les deux entreprise­s. Le but principal de notre travail est de lancer la réflexion et surtout éviter que le lien soit rompu entre les parties. Nous voulons recréer de la confiance, surtout en ce moment.

« Avec la crise du Covid-19, les retards dans le paiement de factures se sont multipliés.»

«C’est bien de jouer les pompiers, mais c’est mieux d’éviter les incendies. »

Votre rôle se limite-t-il à ces médiations ?

Non, nous avons aussi un rôle de prévention. Nous essayons de faire changer les comporteme­nts, parce que c’est bien de jouer les pompiers, mais c’est mieux d’éviter les incendies. Beaucoup de conflits viennent d’un problème de trésorerie des entreprise­s. Dans ce cas, nous pouvons les conseiller sur les aides de l’Etat.

Quel message voudriez-vous faire passer aux entreprise­s en difficulté ?

Tout d’abord, n’attendez pas qu’il soit trop tard pour faire appel à nos services. Ensuite, les entreprise­s doivent savoir que ce service est gratuit et que tout ce qui est évoqué dans le cadre de la médiation est totalement confidenti­el.

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La crise du coronaviru­s a entraîné une hausse du nombre de médiations.
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