En temps de crise, les conflits se règlent par médiation
Médiateur national des entreprises, Pierre Pelouzet essaie de dénouer les conflits
Depuis le début de l’épidémie de Covid-19, la crise économique qui l’accompagne entraîne des relations houleuses entre partenaires commerciaux. Pierre Pelouzet (photo), médiateur national des entreprises, aide ces acteurs à trouver les meilleures solutions pour régler les conflits.
La crise économique frappe de plein fouet les entreprises. Comment cette situation se traduit-elle pour vous ?
C’est une explosion. Les conflits entre entreprises se multiplient. Lors du premier confinement, le nombre de demandes a été multiplié par dix. Depuis le début du second confinement, nous sommes de nouveau en tension, avec cinq fois plus de demandes qu’à la même période l’année dernière.
Quels sont les types de conflit les plus fréquents ?
Les retards dans le paiement de factures. Avec la crise du Covid-19 et les difficultés qu’elle entraîne, le nombre de cas s’est multiplié. Un autre type de conflit a aussi explosé : les ruptures brutales ou les changements de contrat en cours. On le voit beaucoup dans l’événementiel, qui, avec les annulations en masse, a amené beaucoup de désaccords entre les fournisseurs de services et leurs clients. Nous constatons aussi un nombre important de conflits entre commerçants et bailleurs au sujet des loyers.
Concrètement, comment une médiation se passe-t-elle ?
Dans un premier temps, une entreprise qui rencontre un problème fait appel à nous via notre site Internet*. Un médiateur contacte alors cette entreprise pour discuter du sujet et, peut-être, déjà apporter des conseils. Le médiateur contacte ensuite l’autre société, pour comprendre sa vision du conflit. Puis vient un premier rendez-vous entre les deux parties et le médiateur, durant lequel chacune est libre de défendre sa position. Cela donne des discussions parfois très tendues. Plus tard, une deuxième séance est organisée, pour commencer à réfléchir à d’éventuelles solutions. La majorité de nos médiations sont bouclées en deux mois.
Les médiations aboutissent-elles souvent à un compromis ?
Nous avons un taux de succès de 75 %. Dans les faits, les résultats sont souvent encore meilleurs car, parmi les médiations qui échouent, toutes ne finissent pas au tribunal pour les deux entreprises. Le but principal de notre travail est de lancer la réflexion et surtout éviter que le lien soit rompu entre les parties. Nous voulons recréer de la confiance, surtout en ce moment.
« Avec la crise du Covid-19, les retards dans le paiement de factures se sont multipliés.»
«C’est bien de jouer les pompiers, mais c’est mieux d’éviter les incendies. »
Votre rôle se limite-t-il à ces médiations ?
Non, nous avons aussi un rôle de prévention. Nous essayons de faire changer les comportements, parce que c’est bien de jouer les pompiers, mais c’est mieux d’éviter les incendies. Beaucoup de conflits viennent d’un problème de trésorerie des entreprises. Dans ce cas, nous pouvons les conseiller sur les aides de l’Etat.
Quel message voudriez-vous faire passer aux entreprises en difficulté ?
Tout d’abord, n’attendez pas qu’il soit trop tard pour faire appel à nos services. Ensuite, les entreprises doivent savoir que ce service est gratuit et que tout ce qui est évoqué dans le cadre de la médiation est totalement confidentiel.