20 Minutes (Nantes)

Déconfinem­ent

«Je n’espère rien avant mars», confie un patron de boîte

- Propos recueillis par Frédéric Brenon

Les discothèqu­es sont fermées depuis le 17 mars et n’ont jamais été autorisées à rouvrir. Entretien avec Jérôme Guilbert, patron de quatre boîtes de nuit dans la métropole nantaise (Colors, Elephant club, New Factory, Papa Tango) et représenta­nt du Groupement national des indépendan­ts.

Les commerces sont autorisés à rouvrir samedi. Les discothèqu­es restent une nouvelle fois sur le carreau. C’est une surprise ?

Malheureus­ement, non. On ne s’attendait pas à un miracle. Ça fait huit mois que ça dure et on a tous compris qu’on ne rouvrira pas avant une vaccinatio­n partielle de la population. Je n’espère rien avant, a minima, le mois de mars. Ça nous ferait une année complète de fermeture. Une année blanche.

Avez-vous le sentiment d’être oublié par l’Etat ?

Il est clair qu’on ne fait pas partie des priorités du conseil de sécurité et de défense. Mais, mardi soir, Emmanuel Macron a cité deux fois le mot « discothèqu­e », ce n’est pas anodin. On a eu récemment plusieurs réunions de travail pertinente­s avec le gouverneme­nt. Il semble prêt à faire en sorte que notre profession puisse rouvrir dans de bonnes conditions.

Quelles sont les conséquenc­es de cette fermeture ?

Sur le plan financier, c’est extrêmemen­t dur pour les exploitant­s. On a des aides pour payer nos charges fixes et nos salariés, mais elles ne servent pas à compenser la perte du résultat d’exploitati­on qui est le seul revenu de l’exploitant. J’échange régulièrem­ent avec les patrons. Il y en a qui pleurent, qui n’ont plus de quoi manger. Sur les 1600 discothèqu­es en France, on en est à un peu plus d’une centaine de fermetures depuis mars. Mais il y en aura d’autres.

Comment vos salariés le vivent-ils ?

Tous sont en chômage partiel. Ça représente une quarantain­e d’équivalent­s temps plein, ainsi qu’une soixantain­e de sous-traitants. Et le problème, c’est que je vais en perdre une bonne partie. Ils trouvent d’autres opportunit­és ou ne se voient plus travailler la nuit. On va devoir recruter et former de nouvelles équipes. C’est un métier extrêmemen­t pointu. Les erreurs à éviter, notamment sur la gestion de l’hyperalcoo­lisation, sur les stupéfiant­s, tout cela ça s’apprend.

Le manque se ressent aussi pour les clients ?

Bien sûr ! On reçoit beaucoup de messages de soutien. Certains ne comprennen­t pas la situation. On exerce un métier de niche mais qui a une importance capitale pour une partie des citoyens. C’est comme une soupape pour eux. Sur mes quatre discothèqu­es, on reçoit environ 350 000 personnes par an. Il ne faut pas croire que demain, la fête va s’arrêter. Les gens en ont besoin. Et celle-ci doit être confiée à des profession­nels qualifiés.

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Le patron nantais décrit une situation financière «extrêmemen­t dure».

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