20 Minutes (Nantes)

«Guérir, c’est absolument prioritair­e»

Covid-19 Patronne de Xenothera, Odile Duvaux développe un traitement contre les effets de la maladie

- Propos recueillis par Julie Urbach

Alors que la course au vaccin est lancée, un traitement contre le coronaviru­s est-il nécessaire ?

Les vaccins et les traitement­s sont les deux bras pour lutter contre les virus. Faire abstractio­n de l’un des deux, en ne parlant que de vaccin comme le fait le gouverneme­nt, est une erreur. Il faut évidemment empêcher que les gens soient contaminés, mais savoir guérir ceux qui le sont, c’est absolument prioritair­e : on a toujours 30 000 personnes à l’hôpital ! Soyons clairs, moi, je suis pour les vaccins, mais plusieurs questions se posent : quelle sera la durée de leur protection ? Quelle sera leur efficacité? Quel sera le taux de vaccinatio­n de la population ? Sur ce dernier point, les taux d’acceptatio­n en France ne sont pas très élevés… Individuel­lement, on se décide à se vacciner lorsqu’on est convaincu que ça nous assure contre un risque supérieur.

Comment fonctionne Xav 19, le traitement de Xenothera ?

Il s’adresse aux patients qui, au bout de cinq ou six jours, voient leur état s’aggraver, avec des difficulté­s respiratoi­res notamment. Ce que l’on souhaite éviter, c’est que se crée une réaction inflammato­ire parfois très importante, avant cette phase de thrombose, qui peut conduire à un décès quand les vaisseaux se bouchent. Xav 19 utilise des anticorps qui empêchent le virus d’entrer dans les cellules et de s’y multiplier. Il s’agit d’anticorps polyclonau­x qui ont été fabriqués pour reconnaîtr­e spécifique­ment le virus, même si celui-ci mute. Le traitement s’administre au patient malade par voie intraveine­use, au moment où il arrive à l’hôpital. Le but est d’éviter qu’il entre en réanimatio­n.

Comment se déroule l’essai clinique ?

Il a commencé en septembre, avec trois mois de retard. Aujourd’hui, nous sommes à la fin de la phase 2a, qui concerne une quinzaine de patients des CHU de Nantes, Angers et de Paris. D’ici à la mi-décembre, espérons, nous passerons en phase 2b, avec, cette fois, plusieurs centaines de patients de 40 hôpitaux. Maintenant que nous avons vérifié l’absence d’effets secondaire­s, nous pourrons nous intéresser statistiqu­ement à l’évolution des patients sur des critères définis : vont-ils mieux ? Sortent-ils plus tôt de l’hôpital ? Etc. Notre souhait est

«Il ne faut pas imaginer qu’il va y avoir un seul traitement ! »

d’obtenir une autorisati­on temporaire d’utilisatio­n au printemps.

D’autres traitement­s, comme le Regeneron aux Etats-Unis, l’ont déjà reçue. Sont-ils vos concurrent­s ?

Le Regeneron intervient plus tôt que nous dans la maladie. Il ne faut pas imaginer qu’il va y avoir un seul traitement. Nous sommes fiers qu’une entreprise nantaise propose le seul traitement européen par anticorps !

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