«Guérir, c’est absolument prioritaire»
Covid-19 Patronne de Xenothera, Odile Duvaux développe un traitement contre les effets de la maladie
Alors que la course au vaccin est lancée, un traitement contre le coronavirus est-il nécessaire ?
Les vaccins et les traitements sont les deux bras pour lutter contre les virus. Faire abstraction de l’un des deux, en ne parlant que de vaccin comme le fait le gouvernement, est une erreur. Il faut évidemment empêcher que les gens soient contaminés, mais savoir guérir ceux qui le sont, c’est absolument prioritaire : on a toujours 30 000 personnes à l’hôpital ! Soyons clairs, moi, je suis pour les vaccins, mais plusieurs questions se posent : quelle sera la durée de leur protection ? Quelle sera leur efficacité? Quel sera le taux de vaccination de la population ? Sur ce dernier point, les taux d’acceptation en France ne sont pas très élevés… Individuellement, on se décide à se vacciner lorsqu’on est convaincu que ça nous assure contre un risque supérieur.
Comment fonctionne Xav 19, le traitement de Xenothera ?
Il s’adresse aux patients qui, au bout de cinq ou six jours, voient leur état s’aggraver, avec des difficultés respiratoires notamment. Ce que l’on souhaite éviter, c’est que se crée une réaction inflammatoire parfois très importante, avant cette phase de thrombose, qui peut conduire à un décès quand les vaisseaux se bouchent. Xav 19 utilise des anticorps qui empêchent le virus d’entrer dans les cellules et de s’y multiplier. Il s’agit d’anticorps polyclonaux qui ont été fabriqués pour reconnaître spécifiquement le virus, même si celui-ci mute. Le traitement s’administre au patient malade par voie intraveineuse, au moment où il arrive à l’hôpital. Le but est d’éviter qu’il entre en réanimation.
Comment se déroule l’essai clinique ?
Il a commencé en septembre, avec trois mois de retard. Aujourd’hui, nous sommes à la fin de la phase 2a, qui concerne une quinzaine de patients des CHU de Nantes, Angers et de Paris. D’ici à la mi-décembre, espérons, nous passerons en phase 2b, avec, cette fois, plusieurs centaines de patients de 40 hôpitaux. Maintenant que nous avons vérifié l’absence d’effets secondaires, nous pourrons nous intéresser statistiquement à l’évolution des patients sur des critères définis : vont-ils mieux ? Sortent-ils plus tôt de l’hôpital ? Etc. Notre souhait est
«Il ne faut pas imaginer qu’il va y avoir un seul traitement ! »
d’obtenir une autorisation temporaire d’utilisation au printemps.
D’autres traitements, comme le Regeneron aux Etats-Unis, l’ont déjà reçue. Sont-ils vos concurrents ?
Le Regeneron intervient plus tôt que nous dans la maladie. Il ne faut pas imaginer qu’il va y avoir un seul traitement. Nous sommes fiers qu’une entreprise nantaise propose le seul traitement européen par anticorps !