Claire Hédon détaille la nouvelle plateforme antidiscriminations
La défenseure des droits, Claire Hédon, révèle le fonctionnement du site Antidiscriminations.fr
Emmanuel Macron l’avait annoncé en décembre : la plateforme Antidiscriminations.fr et le numéro 39 28, qui veulent améliorer le signalement et la prise en charge des discriminations, sont désormais une réalité (lire ci-contre). 20 Minutes s’est entretenu avec Claire Hédon, la défenseure des droits, dont l’institution pilote ce nouvel outil.
Quel est le principe de la plateforme et son champ d’application ?
Cette plateforme est un service de signalement, d’orientation et d’accompagnement destiné aux victimes et témoins de discriminations, quel qu’en soit le motif. Il y a 25 critères de discrimination interdits par la loi française. Au bout du fil, des juristes du Défenseur des droits vont écouter les victimes, qualifier leur situation, instruire le dossier, voir les éléments de preuve et essayer de rétablir la victime dans ses droits, notamment par la voie de la médiation.
Comment s’assurer que cette plateforme ne va pas être une machine à « décevoir » les victimes ?
Il y a des choses qui peuvent être réglées facilement. Tous les dossiers ne vont pas prendre un temps indéfini à nos juristes, qui pourront aussi utiliser la médiation. On n’est pas toujours obligé d’aller devant les tribunaux. Nous avons, par exemple, traité le cas d’une crèche qui refusait un enfant à cause d’allergies. Notre intervention a permis de changer le règlement de la crèche. Il y a un discours sur la lutte contre les discriminations qui dit « ça ne marche pas», mais nous avons des exemples qui montrent que ça marche.
Est-ce que, à votre avis, les discriminations augmentent, ou est-ce leur perception qui change ?
Dans les études, la moitié de la population dit avoir été victime ou témoin de discrimination. Je pense qu’il y a une plus grande prise de conscience de ce phénomène, ce qui ne veut pas dire une augmentation.
Pouvez-vous citer trois mesures urgentes à prendre contre les discriminations ?
D’abord, la création d’un observatoire : il faut évaluer les discriminations. Ensuite, il faut des campagnes d’information et de formation. Un bon nombre de personnes ne se rendent pas compte qu’elles sont discriminantes. Enfin, il faut un index dans les entreprises sur la diversité, comme il y a un index sur l’égalité femmes-hommes.