Quel futur choisirez-vous?
De nouveaux courants artistiques offrent un regard critique sur le monde de demain
Depuis le futurisme au début du XXe siècle, qui faisait l’éloge des machines, de la vitesse, du mouvement, d’autres courants de pensée ont cherché à inventer le monde de demain. Trois courants artistiques émergent aujourd’hui et tentent de déconstruire la pensée sur le futur.
› L’afrocyberféminisme. Ce courant repense les technologies sous l’angle du genre et de l’histoire. Sur le modèle de Donna Haraway avec le cyberféminisme, Oulimata Gueye et Marie Lechner, à l’origine du mot-valise afrocyberféminisme, ont revisité les cultures numériques à travers une série de conférences organisées à la Gaîté-Lyrique (Paris 3e), en 2018. « Nous voulions examiner les enjeux des technologies sous l’angle de l’Afrique, des diasporas, du genre et de la question de la racialisation », explique Oulimata Gueye.
› Le rural futurism. Pourquoi ne pas penser le futur des ruralités ? Le théoricien et commissaire d’exposition italien Leandro Pisano et l’artiste sonore australien Philip Samartzis s’attaquent aux préjugés sur la ruralité à travers les sons des communautés isolées du sud de l’Italie. Le festival d’art sonore, de technoculture et de ruralité Interferenze est ainsi devenu une plateforme de recherche. A travers des ateliers, des résidences artistiques et un travail de terrain, le rural futurism déconstruit l’idée selon laquelle les zones rurales sont des territoires marginalisés. Loin d’être vouées à l’oubli, elles doivent être perçues comme un véritable terrain de jeu pour le futur. Et ça commence par l’art.
› Le turfurisme. Un livre, un laboratoire et des soirées de discussion sur Telegram, le turfurisme est en ébullition. Imaginé par Makan Fofana dans son livre La Banlieue du Turfu (Tana Editions), à paraître le 18 février, le turfurisme aborde le futur sous l’angle de la culture des quartiers. Comme l’afrofuturisme et le rural futurism, il projette des futurs dans un espace, celui de la banlieue. « Le futur dont je parle prend racine dans la culture quartier, qui discute avec d’autres types de cultures, qui, elles-mêmes, discutent avec un imaginaire occidental », présente cet enchanteur des temps modernes, qui veut aider la périphérie à développer son propre génie.