20 Minutes (Nantes)

Plus de prévention et de suivi pour lutter contre l’obésité

Un collectif demande une meilleure prise en charge des personnes, dès le surpoids

- Oihana Gabriel

« On ne pourra pas dire qu’on ne savait pas!», tance Anne-Sophie Joly (photo ci-dessous), la présidente du Collectif national des associatio­ns d’obèses (CNAO). Ce jeudi, elle lance une pétition sur cette «autre urgence épidémique», à l’occasion de la Journée mondiale contre l’obésité. Avec l’ambition d’améliorer prévention et suivi médical de ces patients.

«Le Covid-19 a été un révélateur de notre fragilité, synthétise Anne-Sophie Joly. Des cohortes internatio­nales montrent que 80% des personnes en réanimatio­n et 50 % des décès concernent des personnes qui ont des problèmes de poids.» Cette vulnérabil­ité, devenue visible, n’a pourtant pas amélioré le suivi des patients obèses. «Depuis mars 2020, on a constaté une baisse de 40% de consultati­ons chez les généralist­es, alerte Anne-Sophie Joly. Ces personnes estiment que leur suivi n’est pas une urgence pour des soignants débordés.»

«Se calquer sur le plan cancer»

Pour Laura Montana, chirurgien­ne spécialist­e de l’obésité au groupe hospitalie­r Diaconesse­s-Croix-Saint-Simon (Paris), la crise a eu deux effets contradict­oires : « Une partie des malades, inquiets, ont demandé à être pris en charge. D’un autre côté, certains avaient peur de venir à l’hôpital. La téléconsul­tation a permis de ne pas perdre de vue trop de patients. »

Face à l’urgence, Anne-Sophie Joly souhaite qu’un plan décennal soit mis en place en France. « L’idée est de se calquer sur le plan cancer, reprend l’intéressée. L’obésité est génératric­e de 19 pathologie­s, dont le Covid-19. Si vous réglez la problémati­que du poids, vous évitez ces maladies associées.» Autre pan de ce plan : la prévention. « Si on en avait fait il y a quinze ans, on n’aurait peut-être pas eu 86 000 morts en France du Covid-19, s’agace Anne-Sophie Joly. On travaille sur l’écriture de la feuille de route obésité, notamment avec une évaluation, par les agences sanitaires, de la prise en charge actuelle. L’objectif, c’est que les malades soient suivis dès le surpoids au lieu d’attendre qu’on soit malade. Avec l’ambition de définir quels profession­nels formés il faut aller voir et à partir de quels signaux.» Initialeme­nt prévue pour la fin 2020, cette feuille de route devrait idéalement sortir en fin d’année.

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Environ «80 % des personnes en réanimatio­n ont des problèmes de surpoids», explique la présidente du CNAO.
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