L’application braque les projecteurs sur les «petits» sports
Sportall, une nouvelle plateforme de vidéo en ligne disponible via une appli mobile, cible pour l’instant des disciplines pas ou peu médiatisées
Et si un Netflix du sport made in France venait de voir le jour ? La question est caricaturale autant que prématurée (ou l’inverse), mais l’idée générale de Sportall est là. Lancée en novembre 2020, cette plateforme de vidéo en ligne permet, via une application mobile, de regarder des compétitions sportives. Gratuitement pour la grande majorité du contenu, puis par abonnement, à terme, selon des thématiques bien précises. Pour l’instant, Sportall cible des disciplines peu ou pas diffusées à la télévision, avant, peut-être un jour, d’aller voir plus haut.
La création de cette plateforme est partie d’un triple constat: «Les progrès technologiques permettent une nouvelle façon de filmer et de voir le sport ; les modes de consommation ont évolué, avec des utilisateurs majoritairement sur leur smartphone ou leur tablette ; et beaucoup de sports n’ont pas de valeur pour les chaînes de télévision », assure
Thierry Boudard, cofondateur et PDG de la start-up, présent dans le métier de la vidéo sur Internet depuis une vingtaine d’années. Ce grand passionné de sport a eu comme un déclic en 2019 alors qu’il suivait une régate à bord d’un Zodiac : « Je devais faire des images avec un drone. Le rendu était super, avec des moyens extrêmement légers. Ensuite, on les a envoyées sur les réseaux et on a fait un million de vues.
Je me suis dit qu’il y avait quelque chose à faire. » Thierry Boudard se lance alors dans la conception de son projet. La présence sur ce même créneau de la mise en valeur des « petites » disciplines de la chaîne Sport en France, lancée en mai 2019, n’est pas un problème. Lui propose aux ayants droit (clubs, ligues, fédérations, organisateurs) quelque chose de différent. De plus complet.
« On n’est pas qu’un diffuseur, on est une plateforme bout-en-bout, insiste Thierry Boudard. On peut produire du contenu, fournir des moyens de captation à prix abordable et de bonne qualité et former les ayants droit pour qu’ils les utilisent, les aider à valoriser leurs images... On s’occupe de tout. »
Cela fonctionne sur le principe d’un partenariat, grossièrement « images contre expertise ». Sportall et les détenteurs de droits se partagent ensuite les revenus générés, essentiellement par la publicité. Le concept a séduit une quarantaine d’entités, dans des disciplines comme la boxe, le MMA, l’escalade, le canoë ou la voile. Sportall a d’ailleurs signé son premier gros coup avec le Vendée Globe, en proposant le grand départ en direct, en novembre. L’utilisateur pouvait passer d’un bateau à l’autre en un clic grâce à des caméras embarquées.
Il y a quelques jours, Sportall est passée à la vitesse supérieure en proposant sa première offre payante. La plateforme héberge en effet « Fight Nation», le nouveau média consacré aux sports de combat. L’abonnement coûte 30 € par an. « On ne fera pas une offre à 10 € par mois pour avoir plein de contenus, précise Thierry Boudard. Notre application est gratuite, avec un maximum de contenus, et, seulement par-dessus, on aura des offres premium auxquelles le fan pourra s’abonner. Mieux vaut dépenser 30 € par an pour avoir accès aux sports qu’on aime, que 10 € par mois pour un catalogue où tout ne nous plaît pas. » « Sportall occupe une place qui était à prendre, observe Arnaud Simon, président de la société In&Out, spécialisée dans les nouveaux modes de diffusion. C’est un espace pour tous les sports, flexible, adapté aux nouveaux modes de consommation. Cette plateforme doit s’installer, et ensuite il sera temps de passer aux étapes suivantes, à savoir attirer des sports avec une base de fans encore plus grande et réfléchir au développement à l’international. » Le processus est déjà enclenché. Sportall discute aujourd’hui avec les ligues de gymnastique, de handball, de basket ou de volley. « On peut aussi être une opportunité pour les sports installés, qui ont leur place à la télé mais qui ont envie de se réinventer un peu », imagine Thierry Boudard.
« Notre application est gratuite, avec un maximum de contenus. »
Thierry Boudard, Sportall