L’exécutif veut faire bandes à part
Un plan de lutte contre les bandes doit être adopté d’ici au 1er mai
La violente agression, mi-janvier, dans le 15e arrondissement de Paris, de Yuriy, un adolescent de 15 ans, a jeté un coup de projecteur sur les rivalités entre bandes. Depuis, plusieurs rixes entre jeunes ont eu lieu en Ile-de-France. Dans l’Essonne notamment, deux adolescents de 14 ans ont été tués. Le ministère de l’Intérieur a recensé 357 affrontements entre bandes en 2020, contre 288 en 2019, soit une augmentation de 25 % en un an. Face à cette recrudescence, le gouvernement envisage un plan de lutte contre les bandes, qui doit être adopté d’ici au 1er mai. Le plan doit notamment permettre de mieux détecter et de suivre les membres des bandes, grâce à des structures comme des groupes locaux de traitement de la délinquance. Le plan prévoit aussi un renforcement de la sécurité aux abords des établissements scolaires, de la médiation ou la mise en place d’actions de sensibilisation.
«Renforcer notre réponse»
Pour éloigner les membres d’une bande, le ministère de la Justice compte, lui, sur le recours aux «interdictions de paraître» et la mise en oeuvre de travaux d’intérêt général comme alternative aux poursuites. «On ne peut accepter la banalisation de la violence, a expliqué le porte-parole du gouvernement,
Gabriel Attal, à l’issue du Conseil des ministres, mercredi. Nous devons donc adapter et renforcer notre réponse.» Il a insisté sur la nécessité d’une «réponse coordonnée» entre ministères et entre services sur le terrain. « L’enjeu, c’est aussi d’avoir une réponse pénale plus rapide et plus efficace pour les mineurs », qui ont « parfois 11, 12, 13 ans », a souligné Gabriel Attal. De son côté, le Premier ministre, Jean Castex, organise vendredi à Matignon une réunion de travail avec plusieurs ministres, au cours de laquelle sera évoqué le sujet des bandes.
Il y a un effet loupe, parce que différents actes sont rapprochés et qu’il y a des morts. Mais il n’y a pas forcément une montée des violences chez les mineurs en France. La violence, ce n’est pas nouveau. Ce qui a changé, c’est la diffusion de l’information. Maintenant, les événements sont filmés et diffusés sur les réseaux. On est davantage interpellés par ces images.
S’il n’y a pas plus de violence, les causes changent-elles ?
Le harcèlement sur les réseaux sociaux, qui date d’il y a une dizaine d’années, est terrible. Cela peut pousser à la désinsertion sociale, au suicide ou au meurtre. Le point commun des expertises réalisées auprès des jeunes sur des faits violents, c’est que le point de départ est souvent futile. Ça peut partir d’un regard, d’une jalousie. C’est perçu très violemment chez les adolescents, car ils sont en pleine construction.
Cet enchaînement de violences n’est-il pas à mettre en lien avec la situation actuelle ?
C’est difficile à dire. Peut-être que le confinement a pu jouer un rôle. Les adolescents ont besoin d’interactions pour aller bien. Là, ils en sont privés.