Doit-on interdire les publicités pour les SUV ?
Le WWF France souhaite que la loi «Climat et résilience» comporte une interdiction de la publicité pour les véhicules lourds
Dix-huit pages en presse quotidienne, trois heures cinquante de publicités par jour… La SUV-isation de la société ne transparaît pas seulement sur le macadam. Elle se joue aussi sur le marché publicitaire. C’est du moins ce qu’entend montrer le WWF France dans un rapport publié mercredi dernier. L’ONG s’est penchée sur les 62 modèles commercialisés par les onze marques ayant vendu le plus de véhicules particuliers en France en 2019. Pour chacun de ces modèles – parmi lesquels 23 SUV –, elle a regardé les investissements publicitaires en 2018 et 2019, en s’appuyant sur les données du cabinet Kantar. Résultat ? En 2019, sur les 4,3 milliards d’euros de pub dépensés en France par ces marques, 1,8 milliard était consacré à promouvoir les SUV, note WWF France. Soit 42 % du total. C’était 40 % en 2018. En octobre, déjà, l’ONG avait consacré un rapport sur les conséquences du boom dans l’Hexagone de ces Sport utility vehicles, dont la part dans l’achat de véhicules neufs est passée de 5% à 38 % entre 2008 et 2019 en France. Les SUV émettraient 20 % de CO2 de plus que leurs équivalents standards, selon le WWF.
Le gouvernement instaurera, à partir de 2022, une taxe à l’achat sur les voitures de plus de 1,8 t. Mais ce malus ne concernerait que 3 % des nouvelles immatriculations chaque année en France, s’inquiètent les ONG.
Une proposition édulcorée
Dans son rapport remis à Emmanuel Macron en juin, la Convention citoyenne pour le climat proposait d’interdire la publicité des produits les plus émetteurs de gaz à effet de serre. Une proposition édulcorée dans le projet de loi « Climat et résilience », puisqu’elle ne concerne plus que les énergies fossiles. Le WWF demande « d’interdire les publicités pour les véhicules pesant plus de 1,8 t, y compris ceux électriques » et « ceux aussi les plus émetteurs, dépassant les 95g / km de CO2 ». « En parallèle, on pourrait imaginer un mécanisme qui permettrait de moduler le prix de la publicité selon le poids et le niveau d’émissions de CO2 », indique Pierre Cannet. Les députés examineront en séance plénière le projet de loi à partir de lundi.