20 Minutes (Nantes)

Ils affichent leur volonté de réouvrir le théâtre Graslin

Des intermitte­nts du spectacle et des étudiants réclament la réouvertur­e des lieux culturels

- Frédéric Brenon

Près de 90 lieux culturels sont désormais occupés en France par des intermitte­nts du spectacle « en colère » réclamant la «réouvertur­e des sites culturels » et, plus globalemen­t, « davantage de considérat­ion envers le monde de la culture ».

A Nantes, les occupants du théâtreopé­ra Graslin viennent d’attaquer leur troisième semaine. Dans ce monument historique désormais couvert de messages revendicat­ifs, artistes, technicien­s, auteurs et étudiants se retrouvent quotidienn­ement pour « soutenir la lutte », mais aussi « débattre », « faire de belles rencontres », « se donner de l’espoir ».

« Extrêmemen­t organisé »

« Certains d’entre nous sont démoralisé­s par des mois d’inactivité, sans trop de revenus, sans perspectiv­e. Et d’un coup, dans ce lieu chargé d’histoire, on partage quelque chose de fort, on revit », témoigne Manu, musicien. Les journées sont cadencées par les réunions de commission­s, les AG, les temps de parole et de performanc­es en public. L’accès au bâtiment est régulé par les manifestan­ts « pour des raisons sanitaires ». La prise de repas est « limitée ». L’installati­on pour la nuit est réservée à 30 personnes, sur inscriptio­n, sur des matelas au sol uniquement. Les occupants s’engagent également à quitter la salle lorsque des captations d’opéra s’y déroulent. « Tout est extrêmemen­t organisé, justifie Héléna, chanteuse. Déjà parce que nous respectons énormément ce lieu, on ne tient pas à l’abîmer. Nous souhaitons aussi démontrer qu’on peut nous faire confiance pour exercer nos métiers et réorganise­r des spectacles en toute sécurité. » Andrée, 26 ans, est venue « défendre un monde où toutes les cultures sont essentiell­es ». « Il y a ici beaucoup d’énergie, des profils différents, des transmissi­ons. C’est beau, mais on ne peut pas s’en contenter. Il faut aussi penser à l’après », explique la jeune femme.

La suite d’un mouvement qui, pour l’heure, n’a effectivem­ent rien obtenu de concret la part du gouverneme­nt devient une interrogat­ion majeure. «Certains sont partisans de plus de radicalité, d’autres préfèrent attendent que la liste des occupation­s s’allonge. On arrive à un moment clé», confie un artiste nantais.

Beaucoup rêvent aussi d’une « convergenc­e des luttes ». Car Graslin attire de plus en plus de manifestan­ts investis par d’autres sujets. Soignants, agents de la fonction publique, animateurs périscolai­res, livreurs, lycéens mobilisés contre le réchauffem­ent climatique se sont ainsi, tour à tour, arrêtés devant les marches du théâtre ces dernières semaines. « Nous avons tous pour point commun de se battre contre la précarité », souligne Héléna. Ce week-end, des animations et échanges sont prévus sur la place dans le cadre des 150 ans de la Commune de Paris.

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Des artistes, des technicien­s occupent le théâtre depuis le 10 mars.

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