Ils affichent leur volonté de réouvrir le théâtre Graslin
Des intermittents du spectacle et des étudiants réclament la réouverture des lieux culturels
Près de 90 lieux culturels sont désormais occupés en France par des intermittents du spectacle « en colère » réclamant la «réouverture des sites culturels » et, plus globalement, « davantage de considération envers le monde de la culture ».
A Nantes, les occupants du théâtreopéra Graslin viennent d’attaquer leur troisième semaine. Dans ce monument historique désormais couvert de messages revendicatifs, artistes, techniciens, auteurs et étudiants se retrouvent quotidiennement pour « soutenir la lutte », mais aussi « débattre », « faire de belles rencontres », « se donner de l’espoir ».
« Extrêmement organisé »
« Certains d’entre nous sont démoralisés par des mois d’inactivité, sans trop de revenus, sans perspective. Et d’un coup, dans ce lieu chargé d’histoire, on partage quelque chose de fort, on revit », témoigne Manu, musicien. Les journées sont cadencées par les réunions de commissions, les AG, les temps de parole et de performances en public. L’accès au bâtiment est régulé par les manifestants « pour des raisons sanitaires ». La prise de repas est « limitée ». L’installation pour la nuit est réservée à 30 personnes, sur inscription, sur des matelas au sol uniquement. Les occupants s’engagent également à quitter la salle lorsque des captations d’opéra s’y déroulent. « Tout est extrêmement organisé, justifie Héléna, chanteuse. Déjà parce que nous respectons énormément ce lieu, on ne tient pas à l’abîmer. Nous souhaitons aussi démontrer qu’on peut nous faire confiance pour exercer nos métiers et réorganiser des spectacles en toute sécurité. » Andrée, 26 ans, est venue « défendre un monde où toutes les cultures sont essentielles ». « Il y a ici beaucoup d’énergie, des profils différents, des transmissions. C’est beau, mais on ne peut pas s’en contenter. Il faut aussi penser à l’après », explique la jeune femme.
La suite d’un mouvement qui, pour l’heure, n’a effectivement rien obtenu de concret la part du gouvernement devient une interrogation majeure. «Certains sont partisans de plus de radicalité, d’autres préfèrent attendent que la liste des occupations s’allonge. On arrive à un moment clé», confie un artiste nantais.
Beaucoup rêvent aussi d’une « convergence des luttes ». Car Graslin attire de plus en plus de manifestants investis par d’autres sujets. Soignants, agents de la fonction publique, animateurs périscolaires, livreurs, lycéens mobilisés contre le réchauffement climatique se sont ainsi, tour à tour, arrêtés devant les marches du théâtre ces dernières semaines. « Nous avons tous pour point commun de se battre contre la précarité », souligne Héléna. Ce week-end, des animations et échanges sont prévus sur la place dans le cadre des 150 ans de la Commune de Paris.