Mineur et vacciné ?
Un scénario de l’Institut Pasteur suggère que la vaccination des enfants contre le Covid-19 serait indispensable pour lever totalement les restrictions et gestes barrières.
«Si la campagne de vaccination porte uniquement sur la population adulte, il faudrait que plus de 90 % des adultes soient vaccinés pour qu’un relâchement complet des mesures de contrôle soit envisageable », notent les chercheurs de l’Institut Pasteur dans une modélisation rendue publique mercredi. «Au vu de l’acceptabilité actuelle, quand [Emmanuel Macron ] dit qu’on va rouvrir en mai ou en juin, c’est irréaliste », reconnaît Jean-François Dhersin, directeur adjoint scientifique au CNRS. Mais l’Institut Pasteur souffle une piste intéressante : la vaccination des enfants.
En France, «on n’y est pas»
« S’il est démontré que les vaccins sont sûrs chez les enfants et qu’ils réduisent efficacement la susceptibilité [risque d’infection] dans cette population, la vaccination de 60-69 % des 0-64 ans et de 90% des plus de 65 ans pourrait permettre le relâchement complet des mesures de contrôle», avance l’Institut. Pour le moment, les vaccins contre le Covid-19 ne sont pas autorisés aux moins de 16 ans, faute d’études suffisantes sur ce jeune public. «Il faut qu’on s’assure que les bénéfices sont importants et les inconvénients mineurs, explique Christèle Gras-Le Guen, présidente de la Société française de pédiatrie, qui estime le débat prématuré. Sinon, les familles n’accepteront pas de vacciner leurs enfants.» Justement, la France prépare une étude sur les effets du vaccin AstraZeneca chez l’enfant avec Covireivac. «On proposera à des parents et enfants volontaires de participer à l’essai clinique pour évaluer, non pas l’efficacité, mais les effets secondaires et la production d’anticorps, explique la présidente de la Société française de pédiatrie. La vaccination des enfants, on y pense, mais on n’y est pas. »
De leur côté, les Etats-Unis envisagent de vacciner le jeune public dès l’été, le Royaume-Uni à l’automne. Le débat risque donc d’arriver prochainement en France. Par ailleurs, la Cour européenne des droits de l’homme, saisie par des parents d’enfants refusés par des écoles maternelles, faute d’avoir été vaccinés en République tchèque, a rendu son avis jeudi. Selon elle, la vaccination obligatoire est « nécessaire dans une société démocratique ».