20 Minutes (Nantes)

Un kimono pour deux

Marie-Eve Gahié et Margaux Pinot, judokas françaises émérites, se disputent une place pour aller à Tokyo

- Nicolas Stival

Larbi Benboudaou­d

Six visages et une silhouette grisée. Dans un tweet du 6 avril, la Fédération française de judo présentait la future délégation féminine aux Jeux olympiques de Tokyo. Au côté des taulières Agbegnenou, Buchard ou Malonga, un seul poste reste à pourvoir, chez les -70 kg. Le choix cornélien entre les deux vedettes planétaire­s de la catégorie – Marie-Eve Gahié (24 ans), championne du monde, et Margaux Pinot (27 ans), double championne d’Europe – doit être entériné à l’issue de l’Euro à Lisbonne, qui se tient de ce vendredi à dimanche.

Et c’est Larbi Benboudaou­d qui va devoir se coltiner cette mission impossible, après les combats de la catégorie programmés samedi. Comme si Pochettino devait absolument trancher entre Neymar et Mbappé. Sans pouvoir remplacer l’un par l’autre en cours de partie. « On ne s’arrêtera pas à un seul tournoi, prévient le directeur de la haute performanc­e du judo français. On va analyser l’ensemble des saisons et des compétitio­ns, voir qui elles ont affronté, etc. »

Le dilemme entre Gahié et Pinot renvoie un autre ancien champion français, Benjamin Darbelet, dix-sept ans en arrière, et à un duel en haute altitude chez les -66 kg...contre Larbi Benboudaou­d. « La concurrenc­e fait avancer, rappelle Darbelet, aujourd’hui reconverti dans le coaching personnel à la tête du Studio Alexis Vastine à Saint-Raphaël, dans le Var. Mes concurrent­s, ce sont encore mes amis aujourd’hui. Oui, c’est compliqué : c’est un sport individuel, tu veux ta place. Je donnais tout ce que je pouvais en compétitio­n, mais je faisais abstractio­n du reste. » Il n’empêche que ce genre de bataille est terrible, comme l’a prouvé le duel épique remporté en décembre par Hifumi Abe face à Joshiro Maruyama pour représente­r le Japon à domicile cet été, en -66 kg. « Pour la dernière sélection, ils ont fait un combat qui s’est joué après vingt minutes de golden score, raconte Darbelet. A la fin, le sélectionn­eur, Kosei Inoue, une légende du judo, était en larmes ! » En résumé, on n’aimerait pas s’appeler Larbi Benboudaou­d dans quelques jours. Même si, après tout, la « perdante » pourrait se consoler en pensant aux Jeux de Paris, qui auront lieu dans à peine trois ans. Benboudaou­d met un ippon à cette thèse : « L’horizon 2024, ça vaut pour les petites jeunes. Mais quand tu es au top et que l’objectif est à portée de main, l’instant T prévaut. » Et l’instant T, c’est maintenant.

« On va analyser l’ensemble des saisons et des compétitio­ns. »

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Gahié (à g.) est championne du monde, Pinot double championne d’Europe.

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