MONEY JUNGLE, NOTRE FEUILLETON
David d’Équainville (éditeur et auteur) et Pascal Henry (journaliste d’investigation et réalisateur) ont raconté lors des deux premières saisons de Money Jungle, une série librement inspirée de faits réels, les mésaventures de l’oligarque Oleg Chestov, occupé à sauver sa fortune. Celui-ci, affaibli par un cancer, obligé de jouer un double jeu avec les Américains et les Russes pour échapper aux conséquences de la guerre en Ukraine, voit le Royaume comme le dernier refuge possible. À la condition qu’il réussisse à nouer les bonnes alliances et à se débarrasser de son encombrant passé.
Chestov, l’oligarque russe, joue sur les intérêts des deux protagonistes du conflit, d’un côté, ceux du Prince, de l’autre, ceux du promoteur. Il a su se rendre bien utile auprès de chaque camp en utilisant ses capacités de hacking, mais un doute s’est insinué dans l’esprit du promoteur immobilier, qui s’apprête à lancer l’offensive.
Les robes noires entrent en scène
Septième arrondissement de la capitale, un immeuble cossu. Sur la plaque, à l’entrée, une liste d’avocats, dont certains noms ont résonné lors de grandes affaires judiciaires. C’est d’ici qu’opère la « task force », bataillon de spécialistes du droit aux talents multiples, tous aux ordres de Patros, le promoteur immobilier. Parmi eux, une pointure parisienne, bien connue pour ses prises de position sur les libertés publiques et ne dédaignant pas se lancer dans des combats à plusieurs zéros. Depuis le début de l’offensive contre le Royaume, il accompagne régulièrement Pierre Patros. La même mission – grassement payée – pour tous : servir les ambitions de celui qui se voit monarque à la place du monarque. Dans le rôle du général en chef de cette offensive, un petit bonhomme plein d’ambitions, Bonaparte au pont d’Arcole ou Rastignac, c’est selon : Charles Cotté. Il s’était fait les dents en entrant au service d’un de ses célèbres confrères, qui lui-même avait défendu l’oligarque Chestov, du temps de sa splendeur. Un mentor qui est finalement devenu ministre.
Dans son vaste bureau presque vide, grand ouvert sur la table de bois sombre, trône un agenda format XXL. Charles Cotté a fait le choix du promoteur contre le Prince. Sur la double page déjà toute grisée, indiquant une activité soutenue, la date du 13 octobre est surlignée en rouge. C’est la date fatidique pour savoir si la première phase de l’opération de déstabilisation a bien fonctionné. Une réponse à plus de 100 millions d’euros. Une asphyxie financière, pour faire mettre un genou à terre au monarque et à sa clique. (à suivre)