Dans le ciel bleu, les étoiles ont filé
Les Français, à l’image de ceux qui affronteront l’Australie samedi, comptent peu de stars
Vous allez dire qu’on cherche toujours à personnaliser les sports collectifs, à s’attacher aux individualités et à en faire des caisses dès qu’une tête intéressante ressort de la mêlée. C’est un peu vrai. Mais c’est aussi ce qui fait qu’on aime le sport, non? On admire une équipe pour ses exploits, on s’y attache grâce aux personnalités qui la composent. Le football a Griezmann, le basket Parker, le handball Karabatic, le volley Ngapeth. Et le rugby, alors? Eh bien, on cherche. Prenons l’équipe qui défiera l’Australie samedi en test-match : Spedding – Nakaitaci, Fofana, Lamerat, Vakatawa – Doussain, Machenaud – Ollivon, Picamoles, Gourdon – Maestri, Vahaamahina – Atonio, Guirado, Baille. Que des noms qui n’évoquent rien ou presque au grand public. Les joueurs les plus expérimentés, Picamoles, Maestri et le capitaine Guirado cultivent la discrétion. Et les plus spectaculaires, Vakatawa et Nakaitaci, sont fidjiens. Il y a bien Fofana qui sort un peu du lot niveau popularité, avec ses 304000 abonnés Twitter, loin devant ses coéquipiers qui rassemblent péniblement 10000 fans. Les réseaux sociaux sont un marqueur important. « Ils sont obligatoires pour se rapprocher du grand public », note Camille Naude, de My Sport Agency, une agence spécialisée dans la gestion d’image de sportifs basée à Toulouse.
Le talent ou la pub
Mais ça ne suffit pas. « Il n’y a pas de secret, les noms que l’on retient sont ceux liés à des campagnes publicitaires », reprend notre experte com’. Pas faux. Parmi les 50 sportifs préférés des Français en 2015, on ne retrouve que quatre rugbymen : Frédéric Michalak (6e), Thierry Dusautoir (11e), Morgan Parra (26e) et Vincent Clerc (34e). S’ils ne portent plus le maillot des Bleus, tous, en revanche (excepté Dusautoir), passent régulièrement dans des spots sur le petit écran. Ces cas restent rares, alors que le rugby a tout de même un bon potentiel médiatique. « C’est propre à ce sport et à ses valeurs, tente d’expliquer Camille Naude. La plupart des joueurs sont réservés et pas trop intéressés par tout ça. Eux, c’est le terrain. Et puis c’est aussi une question de génération. » Un talent hors norme peut se suffire à soimême, mais personne n’a ce profil en ce moment. Et c’est peut-être ça, surtout, le principal souci de Guy Novès pour ramener les Bleus parmi les grandes nations mondiales.