20 Minutes (Nice)

Daesh perd du terrain sur le Web

Les défaites de l’Etat islamique circonscri­vent sa propagande sur les réseaux sociaux

- Florence Floux

Il n’y a pas qu’en Syrie et en Irak que le groupe Etat islamique (EI) recule. Le flux de la propagande en provenance du « califat » autoprocla­mé par Abou Bakr al-Baghdadi en 2014 se fait effectivem­ent moins abondant. « Depuis un an, il y a une baisse quantitati­ve et qualitativ­e de leurs vidéos diffusées par leur agence Amaq », estime Wassim Nasr, journalist­e à France 24 et auteur de Etat islamique, le fait accompli (Ed. Plon). Achraf Ben Brahim, à qui l’on doit L’Emprise - Enquête au coeur de la djihadosph­ère (Ed. Lemieux), décrit un système de communicat­ion très fédéré au sein de l’EI : « C’est une toile d’araignée. Chaque wilayat – division administra­tive – produit ses propres contenus en fonction de ses spécialité­s : certains font des vidéos sur la vie làbas, on y voit par exemple les djihadiste­s se baigner dans les rivières, d’autres sont spécialisé­s dans les scènes de combat. » La situation militaire actuelle a donc un impact non négligeabl­e sur ces production­s. « Ceux qui filment les combats ont un taux de mortalité élevé, ce qui ralentit forcément la production », commente Wassim Nasr. Autre raison, le manque de temps. « Il y a une différence entre

« Ce n’est pas parce qu’on regarde une vidéo qu’on décide de partir en Syrie. »

Achraf Ben Brahim, auteur

les vidéos en arabe et celles en français. L’EI n’a plus le temps de trouver des djihadiste­s qui parlent français. Et il faut de toute façon scénariser, dérusher, monter les images. Cela prend trop de temps, avec les pertes de territoire actuelles », estime Achraf Ben Brahim. On est loin de l’âge d’or de Daesh sur la Toile, dans les années 2014 et 2015, qui ont connu une production massive de vidéos. Même si « ce n’est pas parce qu’on regarde une vidéo qu’on va décider de partir pour la Syrie », ironise le jeune homme. Wassim Nasr prévient, lui, que « l’EI est toujours aussi actif sur les réseaux sociaux, bien qu’ils fassent leur boulot. YouTube, par exemple, a mis en place un algorithme qui fait sauter les vidéos en quelques minutes. » Cette répression sur les plateforme­s vidéos et Twitter se serait accélérée après les attentats du 13-Novembre, d’après Achraf Ben Brahim. Malgré tout cela, impossible de connaître l’impact réel de cette baisse de contenus. Pour Wassim Nasr, « ces contenus font partie d’un tout, ce n’est qu’une seule brique de l’édifice ».

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Capture d’écran d’une des dernières vidéos en français produites par l’EI.

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