Daesh perd du terrain sur le Web
Les défaites de l’Etat islamique circonscrivent sa propagande sur les réseaux sociaux
Il n’y a pas qu’en Syrie et en Irak que le groupe Etat islamique (EI) recule. Le flux de la propagande en provenance du « califat » autoproclamé par Abou Bakr al-Baghdadi en 2014 se fait effectivement moins abondant. « Depuis un an, il y a une baisse quantitative et qualitative de leurs vidéos diffusées par leur agence Amaq », estime Wassim Nasr, journaliste à France 24 et auteur de Etat islamique, le fait accompli (Ed. Plon). Achraf Ben Brahim, à qui l’on doit L’Emprise - Enquête au coeur de la djihadosphère (Ed. Lemieux), décrit un système de communication très fédéré au sein de l’EI : « C’est une toile d’araignée. Chaque wilayat – division administrative – produit ses propres contenus en fonction de ses spécialités : certains font des vidéos sur la vie làbas, on y voit par exemple les djihadistes se baigner dans les rivières, d’autres sont spécialisés dans les scènes de combat. » La situation militaire actuelle a donc un impact non négligeable sur ces productions. « Ceux qui filment les combats ont un taux de mortalité élevé, ce qui ralentit forcément la production », commente Wassim Nasr. Autre raison, le manque de temps. « Il y a une différence entre
« Ce n’est pas parce qu’on regarde une vidéo qu’on décide de partir en Syrie. »
Achraf Ben Brahim, auteur
les vidéos en arabe et celles en français. L’EI n’a plus le temps de trouver des djihadistes qui parlent français. Et il faut de toute façon scénariser, dérusher, monter les images. Cela prend trop de temps, avec les pertes de territoire actuelles », estime Achraf Ben Brahim. On est loin de l’âge d’or de Daesh sur la Toile, dans les années 2014 et 2015, qui ont connu une production massive de vidéos. Même si « ce n’est pas parce qu’on regarde une vidéo qu’on va décider de partir pour la Syrie », ironise le jeune homme. Wassim Nasr prévient, lui, que « l’EI est toujours aussi actif sur les réseaux sociaux, bien qu’ils fassent leur boulot. YouTube, par exemple, a mis en place un algorithme qui fait sauter les vidéos en quelques minutes. » Cette répression sur les plateformes vidéos et Twitter se serait accélérée après les attentats du 13-Novembre, d’après Achraf Ben Brahim. Malgré tout cela, impossible de connaître l’impact réel de cette baisse de contenus. Pour Wassim Nasr, « ces contenus font partie d’un tout, ce n’est qu’une seule brique de l’édifice ».