La prévention capote
Les infections sexuellement transmissibles sont en recrudescence
Depuis 2013, les cas de syphilis ont augmenté de près de 60 %, selon l’agence Santé publique France. La recrudescence des comportements sexuels à risque, et donc des IST, inquiète.
Quand on parle de syphilis, des images tirées de films et série comme Out of Africa ou « The Knick » viennent à l’esprit. Las, cette maladie vénérienne continue à faire des ravages. En 2015, en France, près de 2 000 Français l’ont contractée, selon le dernier point épidémiologique publié, mardi, par Santé publique France. Ce qui représente une hausse de 59 % par rapport à 2013. Mais ce n’est pas la seule infection sexuellement transmissible (IST) bactérienne qui s’étend.
Plus de 19 000 Français se sont vus diagnostiquer une infection à gonocoque (qui prend la forme de deux petits grains de café accolés et bombés). Quant à la plus courante, l’infection à chlamydia (qui peut rendre stérile), le nombre de cas diagnostiqués l’an passé a été estimé à environ 81000, soit 10 % de plus qu’en 2013. « Le nombre d’IST bactériennes augmente depuis le début des années 2000 », observe Florence Lot,
« Il faut se faire dépister tous les trois mois. »
Florence Flot, épidémiologiste
médecin épidémiologiste à Santé publique France. En revanche, après une augmentation inquiétante du nombre de patients qui se découvraient séropositifs, depuis 2011, le chiffre reste à peu près stable (environ 6 000 diagnostics en 2015). Avec une différence selon les patients : on a du mal à enrayer l’épidémie chez les hommes homosexuels, où le taux reste stable. Tandis que pour les hétérosexuels nés à l’étranger (dont les trois quarts sont originaires d’un pays d’Afrique subsaharienne), deuxième groupe concerné, le nombre baisse. Comment expliquer cette tendance ? « D’abord, les IST se transmettent plus facilement que le VIH. Par exemple, vous avez bien plus de risques d’être contaminé par une IST lors d’une fellation que par le VIH, reprend l’épidémiologiste. Ce rapport oral n’est pas toujours considéré comme dangereux. De même, le risque de contracter une IST bactérienne lors d’un rapport anal ou vaginal est plus élevé que le risque d’être contaminé par le VIH. Un rapport non protégé expose au sida, mais également aux autres IST. » Autre explication : « Certaines IST sont asymptomatiques : on peut ignorer qu’on est infecté et contaminer tous ses partenaires, souligne Florence Lot. La syphilis se manifeste par une lésion qui n’est pas toujours visible (comme l’intérieur de la bouche). C’est pourquoi il faut se faire dépister tous les trois mois. » Le préservatif n’est donc pas forcément utilisé, notamment chez les homosexuels, les plus touchés à la fois par le VIH et les autres IST. « Il faut que les messages sur la santé sexuelle, VIH comme IST, soient relayés par les professionnels de santé, les parents, l’école. Il faut du temps pour changer les comportements à risques », insiste l’épidémiologiste.