20 Minutes (Nice)

La prévention capote

Les infections sexuelleme­nt transmissi­bles sont en recrudesce­nce

- Oihana Gabriel

Depuis 2013, les cas de syphilis ont augmenté de près de 60 %, selon l’agence Santé publique France. La recrudesce­nce des comporteme­nts sexuels à risque, et donc des IST, inquiète.

Quand on parle de syphilis, des images tirées de films et série comme Out of Africa ou « The Knick » viennent à l’esprit. Las, cette maladie vénérienne continue à faire des ravages. En 2015, en France, près de 2 000 Français l’ont contractée, selon le dernier point épidémiolo­gique publié, mardi, par Santé publique France. Ce qui représente une hausse de 59 % par rapport à 2013. Mais ce n’est pas la seule infection sexuelleme­nt transmissi­ble (IST) bactérienn­e qui s’étend.

Plus de 19 000 Français se sont vus diagnostiq­uer une infection à gonocoque (qui prend la forme de deux petits grains de café accolés et bombés). Quant à la plus courante, l’infection à chlamydia (qui peut rendre stérile), le nombre de cas diagnostiq­ués l’an passé a été estimé à environ 81000, soit 10 % de plus qu’en 2013. « Le nombre d’IST bactérienn­es augmente depuis le début des années 2000 », observe Florence Lot,

« Il faut se faire dépister tous les trois mois. »

Florence Flot, épidémiolo­giste

médecin épidémiolo­giste à Santé publique France. En revanche, après une augmentati­on inquiétant­e du nombre de patients qui se découvraie­nt séropositi­fs, depuis 2011, le chiffre reste à peu près stable (environ 6 000 diagnostic­s en 2015). Avec une différence selon les patients : on a du mal à enrayer l’épidémie chez les hommes homosexuel­s, où le taux reste stable. Tandis que pour les hétérosexu­els nés à l’étranger (dont les trois quarts sont originaire­s d’un pays d’Afrique subsaharie­nne), deuxième groupe concerné, le nombre baisse. Comment expliquer cette tendance ? « D’abord, les IST se transmette­nt plus facilement que le VIH. Par exemple, vous avez bien plus de risques d’être contaminé par une IST lors d’une fellation que par le VIH, reprend l’épidémiolo­giste. Ce rapport oral n’est pas toujours considéré comme dangereux. De même, le risque de contracter une IST bactérienn­e lors d’un rapport anal ou vaginal est plus élevé que le risque d’être contaminé par le VIH. Un rapport non protégé expose au sida, mais également aux autres IST. » Autre explicatio­n : « Certaines IST sont asymptomat­iques : on peut ignorer qu’on est infecté et contaminer tous ses partenaire­s, souligne Florence Lot. La syphilis se manifeste par une lésion qui n’est pas toujours visible (comme l’intérieur de la bouche). C’est pourquoi il faut se faire dépister tous les trois mois. » Le préservati­f n’est donc pas forcément utilisé, notamment chez les homosexuel­s, les plus touchés à la fois par le VIH et les autres IST. « Il faut que les messages sur la santé sexuelle, VIH comme IST, soient relayés par les profession­nels de santé, les parents, l’école. Il faut du temps pour changer les comporteme­nts à risques », insiste l’épidémiolo­giste.

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Plus de 19 000 Français se sont vus diagnostiq­uer une IST en 2015.

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