20 Minutes (Nice)

Les retours du djihad

Environ 200 partisans de Daesh seraient déjà rentrés

- Florence Floux

Terroriste­s, repentis ou surtout découragés par les conditions de vie, environ deux cents Français ont quitté l’Irak et la Syrie pour rallier l’Hexagone.

«Ils étaient partis faire le djihad, ils sont de retour en France. » Le sous-titre du livre Les Revenants (Ed. Seuil) de David Thomson, qui paraît ce jeudi, sonne comme une menace et un défi majeur pour l’Etat français, en matière de lutte antiterror­iste. Certains de ces « revenants » passent effectivem­ent à l’acte sur le sol français, à l’image, par exemple, de plusieurs membres du commando du 13-Novembre. D’après le ministère de l’Intérieur, environ 200 djihadiste­s seraient déjà revenus, dont une vingtaine de femmes. Un chiffre appelé à grossir dans les mois qui viennent, compte tenu des défaites de l’organisati­on de l’Etat islamique (EI). La stratégie de la Direction générale de la Sécurité intérieure (DGSI) consiste à les interpelle­r à leur arrivée, les placer en garde à vue et, souvent, les mettre en examen pour associatio­n de malfaiteur­s en relation avec une entreprise terroriste. Ils attendent ensuite leur jugement en détention provisoire ou sous contrôle judiciaire.

En zone irako-syrienne, les djihadiste­s désireux de rentrer doivent obtenir une autorisati­on de sortie du territoire sous un prétexte crédible ou s’enfuir, l’EI n’autorisant plus ses résidents à partir. Certains prennent contact avec les autorités turques ou françaises avant de se lancer dans le périple du retour ou sont intercepté­s par les policiers turcs et expulsés vers la France. Tous savent ce qui les attend très souvent : la prison. Ces retours ne constituen­t pas pour autant une prise de distance avec le djihadisme.

Si certains se disent déçus par l’« expérience Daesh », cela ne signifie pas qu’ils soient repentis. Pour Romain Caillet, auteur du blog Jihadologi­e, « trois catégories de personnes reviennent : une minorité qui rentre avec des projets terroriste­s, une autre qui éprouve un dégoût pour l’idéologie djihadiste, et une majorité qui revient parce qu’elle ne supporte plus les conditions de vie sur place, ou bien le cadre strict de l’EI. » Certaines compagnes de djihadiste­s préfèrent ainsi rentrer pour accoucher en France. « J’avais peur. Niveau hygiène, c’est loin d’être la France », témoigne une « revenante ». De même, la perte de territoire en Syrie tend les relations avec la population. « Quand l’EI tombera à Raqqa, ça risque de très mal finir pour les combattant­s étrangers. Récemment, des habitants ont ébouillant­é une enfant parce que c’était la fille d’un étranger. Certains préféreron­t affronter la prison en France. » Le risque, avec ces « revenants » déçus de l’organisati­on de l’EI, mais pas du djihadisme, est qu’ils soient « réactivés » au contact de détenus radicalisé­s, souligne Romain Caillet. Actuelleme­nt, environ 350 malfaiteur­s terroriste­s, dont une trentaine de femmes et une vingtaine de mineurs, se trouvent dans les prisons françaises.

Le risque est qu’ils soient réactivés au contact de détenus radicalisé­s.

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A la prison de Lille-Annoeullin, dans un quartier dédié aux radicalisé­s.

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