20 Minutes (Nice)

« La maladie se soigne aussi par la politique »

- Propos recueillis par Anissa Boumediene

A l’occasion, ce jeudi, de la Journée mondiale de lutte contre le sida, rencontre avec Jean-Luc Romero, auteur du livre SurVivant (Ed. Michalon) et premier homme politique français à avoir révélé publiqueme­nt sa séropositi­vité.

Qu’est-ce qui a changé depuis que vous avez appris votre séropositi­vité en 1987 ?

Comment aurais-je pu, à l’époque, imaginer être un militant, un élu et avoir un époux ? Les choses ont changé parce que ceux qui ont dû vivre avec le sida sont devenus acteurs de la maladie. Ils ont bousculé les politiques, les médecins et favorisé la prise de conscience collective. C’est sous leur impulsion que les traitement­s ont émergé et évolué.

Vivre sa maladie au grand jour ne semble pas plus facile pour autant…

C’est encore plus difficile aujourd’hui. A l’époque, l’urgence de la mort suscitait de la compassion à l’égard des malades. Quelqu’un qui est contaminé aujourd’hui est culpabilis­é, stigmatisé et s’entend dire : « Mais comment t’as pu attraper ça! », même chez les gays.

Qu’avez-vous pensé des réactions hostiles à la dernière campagne de prévention du sida ?

Refuser cette campagne relève de la non-assistance à personne en danger. Le sida se soigne aussi par la politique. Or, les politiques n’en parlent quasiment pas. Les élus doivent assumer leur responsabi­lité en la matière : le moralisme en termes de prévention du sida est inefficace et meurtrier.

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Jean-Luc Romero, un « SurVivant ».

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