Orsay, Pompidou... les musées sont-ils immortels ?
Quand certains établissements sont florissants, d’autres périclitent et ferment
Ce week-end, le musée d’Orsay fête ses 30 ans en grande pompe avec une série d’événements festifs et gratuits. Cette année, on a déjà célébré les 10 ans du musée du Quai Branly – auquel on a ajouté le nom de Jacques Chirac pour l’occasion – les 30 ans de la Cité des sciences et de l’industrie et les 80 ans du Palais de la découverte. Enfin, en février 2017, le Centre Pompidou atteint ses 40 bougies. Mais l’année a été compliquée pour les musées. Une statistique officieuse annonce même une annus horribilis, avec les fermetures, notamment, du centre d’art Le Quartier à Quimper (Finistère), du musée Rosa-Bonheur de Thomery (Seine-et-Marne) et du musée d’Ethnologie régionale de Béthune. On ne compte plus ces disparitions ou les pertes du label Musée de France, synonymes de mort prochaine.
L’espérance de vie des musées ne dépend pas tant de leur âge que de leur hygiène de vie. Tous ne sont pas le Louvre, avec ses 224 ans et une santé de fer. « A l’ouverture du Palais de la découverte, en 1937, le défi était de montrer la science en la sortant des laboratoires, Bruno Maquart, président d’Universcience, établissement public du Palais de la découverte et de la Cité des sciences et de l’industrie. Aujourd’hui, la culture générale des visiteurs a beaucoup évolué. Nous devons montrer la science la plus fraîche, les innovations. Nous sommes dans une phase de rénovation avant une grande réouverture en 2024 de tous les espaces du Grand Palais. » L’autre grave menace planant sur la santé des musées serait le manque d’activité, l’encroûtement. Pour y remédier, la plupart organisent des événements hors de leurs murs. Le Louvre a ouvert une antenne à Lens, imitant le Centre Pompidou Metz. « Nous privilégions les partenariats scientifiques avec des musées en région pour assurer notre mission de service public dans tout le territoire », explique Xavier Rey, directeur des collections au musée d’Orsay.
Le plus grand péril menaçant les musées reste la fermeture décidée arbitrairement par le pouvoir politique. Au musée du quai Branly, il faut ainsi assumer que l’ouverture en 2006 a été rendue possible grâce au transfert des collections du musée de l’Homme et de celui de la Porte Dorée, qui ont bien failli ne jamais s’en relever. « Le musée de l’Homme a connu une magnifique réouverture avec un nouveau projet, note Jérôme Bastianelli, directeur général du musée du Quai Branly. Une muséographie tombe en désuétude plus ou moins vite. Les musées sont des organismes vivants, toujours en mouvement. »
«La culture générale des visiteurs a beaucoup évolué.» Bruno Maquart, président d’Universcience