Mal de chiens
La sélection à outrance des plus beaux spécimens engendre des tares génétiques
Pour le Noël des animaux qui se tient ce week-end, la SPA met en garde contre la mode des chiens de race, sujets à des tares génétiques et conseille plutôt d’adopter de braves corniauds.
Comme pour les vêtements et les accessoires, il y a des modes dans les races de chiens, souvent venues des starlettes qui posent avec leur it-dog. De quoi concurrencer les animaux proposés à l’adoption par la SPA, samedi et dimanche*.
« Quand il y a une mode pour une race, certains éleveurs sont moins rigoureux sur la sélection des géniteurs parce qu’il faut produire beaucoup d’animaux », déplore Jean-François Courreau, professeur de génétique à l’école vétérinaire de Maisons-Alfort (Val-deMarne). Dans les élevages, la beauté et la conformité aux critères de la race des individus reproducteurs priment sur leur santé. Ainsi, pour les carlins, bouledogues ou boxers, qui ont vu leur nombre exploser ces dernières années, « on a raccourci leur face pour qu’elle soit la plus plate possible, illustre JeanFrançois Courreau. Ce qui modifie complètement les voies respiratoires supérieures et induit des handicaps avec des conséquences cardio-vasculaires. »
Un Label Rouge ?
Thierry Bedossa, président de l’Alliance française canine, milite pour la réécriture des standards de races : il faudrait « tenir compte du dossier médical et comportemental des chiens reproducteurs tout au long de leur vie. Les anomalies génétiques pourraient alors s’infléchir en une dizaine d’années. » Notamment en croisant des races proches, comme le dogue argentin et le bouledogue, pour restaurer la diversité génétique. Solution qui mènerait inévitablement à une perte de « perfection » de la race. De plus, en diminuant le nombre d’individus pouvant se reproduire, le risque est d’accentuer encore la consanguinité. Pour ceux qui veulent acquérir un chien sans contribuer à cette sélection à outrance, « il faudrait un Label Rouge, sourit Françoise Lemoine, secrétaire du groupe d’étude en reproduction, élevage et sélection de l’Association française des vétérinaires pour animaux de compagnie (Afvac). Actuellement, le cahier des charges des races est insuffisant pour être sûr que les éleveurs ont fait les tests destinés à s’assurer que les parents sont les plus sains possible. » Pour les chiens à la mode, on risque aussi de tomber sur des animaux importés illégalement : l’équivalent de la SPA outre-Manche a alerté, mercredi, sur la recrudescence du trafic d’animaux, à l’approche de Noël. Enfin, même si « les bâtards sont moins exposés aux maladies génétiques que les chiens à pedigree, ils le sont tout autant aux maladies infectieuses », rappelle la vétérinaire. Offrir un chien à Noël reste une décision à mûrir sérieusement, insistent les associations de protection des animaux
* Toutes les infos sur www.la-spa.fr/adopter-animaux