L’amour évolue, son vocabulaire aussi
Anne-Caroline Paucot imagine des mots pour l’amour de demain
L’algomatching a marché du tonnerre : par la magie des maths, vous avez rencontré l’âme soeur en un temps record. Plus besoin d’un fantomour (partenaire fictif), c’est l’amour. En cas de problème, pas de panique, un rupteur trouvera les mots pour mettre fin à votre relation. L’amour est, sous l’influence des progrès technologiques, scientifiques et des mutations de la société, en pleine métamorphose. Et le vocabulaire amoureux et sexuel doit suivre. Anne-Caroline Paucot a inventé de nombreux mots dans le Dico du futur de l’amour (éd. Les Propulseurs), pour lesquels elle a trouvé l’inspiration dans le présent. « Si on n’invente pas de mots, on a des concepts un peu froids, estime l’auteure. Avec un mot, les choses commencent à exister. » Déjà auteure d’un Dico des métiers de demain, la prospectiviste s’attaque à l’amour, « souvent oublié dans la réflexion sur le futur ». Ainsi en est-il de la pornoxité, « liée à l’accessibilité grandissante des images pornographiques par les plus jeunes, qui, lors de leur premier rapport, croient devoir imiter ces vedettes ». « Le fait de le nommer pourrait permettre d’en parler plus facilement », juge la prospectiviste.
«Romankissm» contre cynisme
Un autre mot lui tient à coeur, le romankissm, ou la « vague de romantisme qui déferle sur la plage des amours technologiques et éphémères » : « Il y a l’émergence d’un phénomène similaire au siècle des Lumières, avec un retour du sensible, de la poésie, contre le cynisme et le désengagement », affirme Anne-Caroline Paucot. Ces romantiques-là ne devraient donc pas s’intéresser à la suppramour, la « pilule du lendemain des amours malheureux ». Des neuroscientifiques cherchent déjà des remèdes aux peines de coeur, à l’instar de Brian D. Earp qui, à l’université d’Oxford, explore les « biotechnologies anti-amour ». Même plus besoin d’un rupteur...