Dans la peau d’un train alsacien
« 20 Minutes » vous invite à découvrir les dessous de la SNCF dans un dispositif inédit
Je m’appelle 83569L. Je suis un « Régiolis », un train de 2 ans et demi. On dit que je suis « bimodes » car ma motorisation est thermique et électrique. Quinze fois par jour, je roule entre Strasbourg et Mulhouse et parfois ailleurs en Alsace. Lors de mes voyages, je croise les 783 autres trains qui circulent chaque jour dans la région. « Grand Est est la deuxième région de France (derrière l’Ile-de-France) en termes de nombre de trains en circulation », illustre David Valence, président de la commission transports de la région. Cette dernière a financé ma construction. Je suis né dans l’usine Alstom de Reichshoffen (Bas-Rhin) et la SNCF assure mon service et la relation avec mes usagers.
Un suivi attentif
Depuis ma naissance, j’ai un carnet de santé qu’on appelle dans le milieu ferroviaire « gestion de maintenance assistée par ordinateur » (GMAO). Il me suit pendant mes 40 années d’existence. Je suis venu pour la première fois à l’atelier de maintenance de Mulhouse le 28 avril 2014. Le lieu a été construit pour moi car j’étais trop grand (je mesure 110 mètres de long). Je passe en révision régulièrement avec cinq cousins (d’autres TER). Derrière ce nouveau technicentre, il y a David Valence : « Le projet de rénovation a été porté par la région. L’atelier a été pensé comme une vitrine du ferroviaire. » Afin de ne pas gêner la circulation en période de forte fréquentation, mes cousins et moi passons au technicentre très tôt le matin ou pendant la nuit. Pour s’occuper de nous, il y a 31 agents SNCF « répartis en quatre vacations de cinq personnes qui travaillent 7 jours/7. Ils effectuent des travaux sur les rames lors des modules de maintenance (durant les heures creuses) afin que 100 % du parc ferroviaire soit disponible aux heures de pointe », explique José Marzolf, manager à l’atelier de maintenance de Mulhouse. Les agents me montrent une attention particulière : tous les 37 jours, mon pantographe (la branche reliée à la caténaire) est vérifié. Ils réalisent d’autres opérations pour me maintenir en bonne santé tous les 56 jours : aménagements intérieurs, contrôles de la toiture, etc. Mes voyages aussi sont accompagnés. Ce soir, mon conducteur vient me chercher à l’atelier avant le service. C’est lui qui me permet de rouler jusqu’à 160 km/h avec 354 voyageurs à mon bord. Pour mes 20 ans, je passerai l’opération « mi-vie », c’est-à-dire « de gros travaux d’une quarantaine de jours dans un des dix technicentres. Tous les câblages seront retirés, le train démonté puis réassemblé », détaille le directeur d’unité opérationnelle de Mulhouse, Yannick Haffreingue. Mais j’ai encore du temps devant moi.