Les Ofnis, ennemis des navigateurs du Vendée Globe
Neuf avaries sont dues aux objets flottants non identifiés
La tuile. C’est l’accident bête dont on contemple, impuissant, les conséquences. Voilà ce qu’ont déjà subi en heurtant un Ofni, un objet flottant non identifié, neuf navigateurs sur le Vendée Globe. Six d’entre eux ont été contraints à l’abandon, à l’image de Thomas Ruyant lundi. Pour bien saisir l’ampleur de la tragédie, il faut savoir que derrière ces indétectables et invisibles Ofnis dans lesquels s’empalent nos galériens se cachent des conteneurs, des épaves, des growlers (morceaux de glace détachés des icerbergs) et, bien sûr, des mammifères marins. « J’ai perdu une Route du Rhum en en heurtant une baleine la veille de l’arrivée, raconte Alain Gautier, navigateur et responsable sécurité sur le Vendée Globe. Mais les baleines sont dans leur univers, nous ne sommes que des passagers. »
« Des moments à la con »
Jean Le Cam, 7e de la course au large, a un mot pour décrire ces espoirs brisés : « des moments à la con ! ». « Cette année, particulièrement, beaucoup de bateaux ont heurté des ofnis », constate Gautier, qui prend en exemple la Transat en solitaire New York-Vendée, fin mai, durant laquelle cinq concurrents ont abandonné en moins de 24 heures après avoir tapé des poissons. Alors comment expliquer cette recrudescence de « moments à la con »? Sur la foi des skippers, plusieurs explications émergent : la pollution des eaux, la vitesse des bateaux, la multiplication de leurs appendices qui augmentent donc les risques de collision. La vraie raison de ces heurts en cascade demeure la vitesse des monocoques sur le Vendée, ces « Formule 1 des mers » qui peuvent atteindre les 30 noeuds (55 km/h). « Ils sont de plus en plus rapides, donc les collisions d’autant moins pardonnables et pardonnées », relève Alain Gautier. « La vitesse est telle que les animaux n’ont pas le temps de réagir », appuie Morgan Lagravière, le troisième skipper à avoir abandonné