Tourner la page de la dyslexie
A première vue, les petits ouvrages de la collection Colibri ne se distinguent en rien de la pléiade des livres jeunesse. Mais, à y regarder de plus près, on s’aperçoit que les pages sont blanc cassé et que l’interlignage est étrange. Mais rien à voir avec un problème d’impression. Ces histoires, parues aux éditions Belin, ont été écrites et pensées pour les enfants dyslexiques, qui représentent 4 à 5 % d’une tranche d’âge. Pour leur redonner goût à la lecture, la maison d’édition a commencé par recruter des spécialistes en sciences du langage de l’université Toulouse JeanJaurès, au fait des dernières découvertes scientifiques sur les « DYS » (les troubles du langage et de l’apprentissage comme la dyspraxie, la dysphasie, etc.) « Nous avons choisi des phonèmes qui s’écrivent et se prononcent toujours de la même façon, explique Mélanie Jucla, maître de conférences. Par exemple “RE”, dans vipère, mousquetaire ou barbare. Puis une doctorante, Clara Solier, a créé des boîtes à mots. » C’est avec ces boîtes, restreintes, que les auteurs, recrutés dans le gratin de l’édition jeunesse, ont dû jongler pour écrire leur mini-roman, sur la base de phrases courtes. Quant au blanc cassé, c’est une indication scientifique car « les dyslexiques sont très sensibles aux contrastes ». Les histoires ont ensuite été testées dans des cabinets d’orthophonistes et à l’école élémentaire Fourio, un établissement pilote pour les « DYS », situé à Launac, près de Toulouse. « Les élèves apprécient ces livres parce qu’il y a du suspense. Ils allient le plaisir de la lecture et le renforcement des apprentissages », a confié Caroline Delattre, sa directrice.