Prison avec sursis pour des supporters de Chelsea
Quatre supporters de Chelsea ont écopé de prison avec sursis après une agression raciste
Loin du tumulte qu’avait déclenché outre-Atlantique leur acte à l’époque, quatre supporters de Chelsea étaient jugés dans un climat serein mardi à Paris. Ces derniers ont été condamnés par le tribunal correctionnel à des peines de six à dix mois de prison avec sursis, pour avoir empêché Souleymane Sylla de monter dans une rame du métro parisien avant d’entonner un chant raciste à son égard, le 17 février 2015, après un match PSGChelsea de Ligue des champions. De quoi soulager une victime qui espère pouvoir « tourner la page » lors de vacances imminentes au Sénégal. « Justice a été faite », a-t-elle déclaré, au terme d’une audience qui a vu son avocat, Me Jim Michel-Gabriel, raconter le calvaire d’un homme « atteint dans sa dignité ». « Durant dix-huit mois, Souleymane Sylla n’a pas pu vivre normalement. Il n’a pas pu prendre les transports en commun pendant neuf mois. Cet événement a créé des tensions dans son couple. Sa femme ne comprenait pas pourquoi il avait des insomnies, pourquoi il dormait sur le canapé. » « J’ai été obligé de consulter un psychologue, a témoigné l’intéressé. Je n’arrivais plus à dormir. Je suis bouleversé à cause de ces gens. » Bien que non-anglophone, il ne faisait aucun doute pour Souleymane qu’il était à ce moment précis victime d’une attaque raciste, même si aucune image officielle n’a pu le confirmer.
Deux Anglais étaient là
Sur le banc des accusés, deux d’entre eux ont répondu présent. Ceux-là mêmes qui chantaient « we are racist, we are racist, and that’s the way we like it » (« nous sommes racistes, nous sommes racistes et on aime ça ») deux ans plus tôt. Selon eux, Sylla a été poussé hors de la rame comme aurait pu l’être n’importe quel usager en des circonstances similaires. « Le métro était bondé, il faisait chaud, a expliqué l’un des prévenus. Derrière nous, ça poussait fort. M. Sylla, qui est plus grand que moi, a essayé de rentrer brusquement. Je l’ai repoussé, mais je ne lui ai pas parlé. Il a essayé de rentrer à nouveau avant d’être encore repoussé. Il n’y avait rien de raciste à ce moment-là. Ceux qui ont commencé à chanter n’ont même pas vu M. Sylla. » Trop grosse, la théorie de la malheureuse coïncidence n’aura convaincu personne et fait rire jaune un Souleymane Sylla qui, s’il a reçu avec satisfaction les excuses d’un des accusés, regrettera toujours qu’aucun d’entre eux n’ait admis le caractère raciste de l’agression.