Lesex-djihadistes dignes de foi?
Le cas de l’ancien mentor des Kouachi, qui travaille sur la déradicalisation, interpelle
Les repentis du djihad peuvent-ils être utiles dans le travail de « déradicalisation » ou désengagement ? Ce mercredi sort Mon djihad - Itinéraire d’un repenti (Ed. Autrement) coécrit par Dounia Bouzar et Farid Benyettou. Cet ancien prédicateur de la mosquée de Stalingrad, à Paris, a également été le mentor des frères Kouachi. Dans ce livre, il raconte le processus qui l’a conduit au refus de l’idéologie djihadiste et à travailler avec l’anthropologue Dounia Bouzar pour déradicaliser des jeunes. « J’avais besoin de m’impliquer dans la lutte contre le djihad. Je reconnaissais mes responsabilités », confie celui qui est sorti de prison en 2011.
Un point de non-retour ?
Le récit de Farid Benyettou illustre la place des repentis en France. « Au vrai sens du terme “repenti”, il n’y en a vraiment pas beaucoup », indique Patrick Amoyel, de l’association Entr’Autres. Il peut y avoir des repentis, mais pas Benyettou. Il est allé trop loin dans l’idéologie. » Pour ce psychanalyste, les djihadistes, c’est-à-dire le stade ultime de l’engagement violent, ne sont pas déradicalisables. « Si on prend le processus assez tôt, on peut le bloquer. Mais ensuite, la seule chose que l’on peut modifier, ce sont les moyens d’action. » Une théorie opposée à celle de Dounia Bouzar dans son livre, pour qui la méfiance à l’égard de Farid Benyettou va à l’encontre de son travail de déradicalisation. Le ministère de l’Intérieur ne veut en tout cas pas entendre parler de la participation de ces repentis dans le travail de « désembrigadement ». Une ligne sur laquelle semblent s’accorder tous les pays européens membres du Radicalisation Awareness Network (RAN), créé par la Commission européenne en 2011.