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Pouvoir d’achat, sécurité, éducation, écologie, Europe... A huit jours du premier débat télévisé, Vincent Peillon et Manuel Valls dévoilent leurs projets.
Difficile de discerner quel Manuel Valls s’est présenté devant la presse mardi à la Maison de la Chimie (Paris, 7e). D’une phrase à l’autre, alors qu’il annonçait les grandes lignes de son programme, à trois semaines du premier tour de la primaire de la gauche, l’ancien Premier ministre a coup sur coup rappelé son action à Matignon, assuré avoir « changé », défendu le bilan du quinquennat Hollande ou encore rejeté les propositions du Manuel Valls candidat à la primaire en 2011. « J’assume pleinement ce qui a été engagé depuis 2012. » La sentence est claire, Valls candidat n’a aucun problème avec la politique menée par François Hollande. Au contraire, il a appuyé sur plusieurs thèmes qu’il défendait en tant que Premier ministre : laïcité, mise en place d’un islam de France, faire de la France une « nation d’entrepreneurs », mise en place d’un « revenu décent » (variation proche du « patrimoine universel » proposé un temps par François Hollande).
Mais si, il est de gauche
De gauche, le candidat Valls l’est. En tout cas, il l’a répété à plusieurs reprises, en réponse à des journalistes qui l’ont soupçonné de « gauchisation ». Et de dérouler des propositions qui tranchent radicalement avec l’action du prédécesseur de Bernard Cazeneuve à Matignon. Au programme : défiscalisation des heures supplémentaires (mesure sarkozyste abrogée par François Hollande en 2012), tenue d’une « conférence de refondation de l’Europe » (toute ressemblance avec la promesse du candidat Hollande de renégocier le pacte budgétaire européen serait fortuite), « renaissance démocratique » où « le recours à l’article 49-3 de la Constitution ne se justifiera plus, hormis dans le cas des textes budgétaires » (après en avoir fait usage à six reprises en trois ans à Matignon). Certaines mauvaises langues lui ont également rappelé les idées portées par un certain Manuel Valls lors de la primaire de 2011. Celui qui avait récolté 5,63 % des suffrages déclarait alors vouloir « déverrouiller les 35 heures » et « supprimer l’ISF ». Et maintenant ? « Vous avez vraiment le regard sur le rétroviseur! En six ans, vous avez changé. Eh bien, moi aussi. » Enfin, Manuel Valls a cultivé une dernière facette, sans doute la moins visible ces derniers temps, celle du candidat qui « veut convaincre et prendre plaisir dans cette campagne, ce plaisir que je veux retrouver, car, d’une certaine manière, je suis profondément libéré ». Valls, « l’homme libre ». Pas de chance, Emmanuel Macron s’est déjà positionné sur ce créneau.