Fausses victimes au carré
Ils ont tenté d’escroquer à deux reprises le fonds post-attentats
Leur comportement, « inexcusable » selon la procureure, leur a valu une nouvelle lourde peine. Fausses victimes des attentats de Paris, déjà condamnés à trois et six ans de prison, Vera Vasic et Sasa Damjanovic, deux Cannois de 29 et 36 ans, ont à nouveau écopé mercredi d’emprisonnement ferme pour avoir tenté de renouveler leur plan après l’attaque de Nice. Quatre ans pour elle et encore six pour lui. Le tribunal correctionnel de Grasse les a aussi condamnés à verser 1 € de dommages et intérêts au Fonds de garantie des victimes d’actes de terrorisme (FGTI), qu’ils ont essayé une nouvelle fois d’escroquer.
Directement à l’hôpital
Le soir de l’attentat de la promenade des Anglais, le couple avait déjà perçu 60000€ du FTGI, à qui ils avaient réussi à faire croire qu’ils se trouvaient au stade de France le 13 novembre 2015. Mais ils en voulaient vraisemblablement plus. « Le 14 juillet 2016, alors que vous êtes avec trois autres personnes à Cannes, vous êtes informés de ce qu’il est en train de se passer à Nice. Et vous décidez de sauter dans vos voitures pour vous rendre à l’hôpital Pasteur. Pour raconter que vous avez été blessé dans le mouvement de foule, dans le but d’obtenir une nouvelle indemnisation », relate le président du tribunal Marc Joando. Leur deuxième demande auprès du FGTI apparaît rapidement bizzare et déclenche une enquête. Leurs téléphones, localisés à Cannes au moment des deux attentats, finissent par les trahir. Les parents de deux jeunes enfants, qui vivaient en grande partie de prestations sociales, ont tenté d’expliquer qu’ils avaient imaginé cette escroquerie pour payer des emprunts qu’ils auraient contractés, et pour lesquels ils auraient même reçu des menaces de mort. Dont le tribunal ne « trouve pas trace ». « Ils n’ont jamais déposé plainte », selon le président. « La peur domine parfois la raison », rétorque l’avocat de la défense. « La vérité, c’est que cet argent n’a servi qu’à vos propres intérêts », a jugé la procureure Valérie Tallone, qui a requis cinq ans de prison pour la femme, et six ans pour son conjoint. « Il n’est pas compréhensible de se faire passer pour des victimes d’actes aussi odieux », a-t-elle déclaré.