La taxe Tobin a perdu beaucoup de crédit
Les ministres européens se réunissent ce lundi sur le sujet
La réunion s’annonce sportive. Ce lundi, les ministres des Finances de la zone euro se retrouvent pour évoquer la taxe sur les transactions financières (TTF) ou « taxe Tobin », sur la table depuis des années. Concrètement, il s’agirait de prélever une commission minime (0,1 % par exemple) sur chaque échange d’actions ou de produits dérivés, afin de limiter la spéculation.
Que décidera Macron ?
Depuis quelques mois, les signes négatifs se multiplient. La Belgique, pourtant a priori favorable, rechigne à adopter le compromis. Mais, pour le Premier ministre belge Charles Michel, son pays n’est pas le seul fautif. « En Allemagne, il existe des craintes [sur la mise en place de la taxe] depuis le Brexit. En France, Emmanuel Macron a énoncé des doutes », a-t-il affirmé jeudi. Avec le Brexit, des places financières comme Francfort (Allemagne) ou Paris espèrent en effet récupérer une partie des activités de la City de Londres, si le Royaume-Uni venait à perdre son accès au marché unique. La mise en place d’une taxe serait alors, selon elles, un mauvais signal. Selon Dominique Plihon, économiste et porte-parole d’Attac (créée pour défendre la taxe Tobin), « si cette taxe marche comme on le souhaite, cela va réduire les transactions financières. La grande majorité de ces transactions sont spéculatives. Elles créent un climat d’instabilité et nuisent à l’économie. Emmanuel Macron n’est absolument pas dans cette logique : il rejette la taxe car il craint une baisse de l’activité des banques françaises. » A l’inverse, Alexandre Naulot, spécialiste de la régulation du secteur financier à Oxfam, laisse le bénéfice du doute au président français. « Il a mis l’Europe au coeur de son élection, note le spécialiste. Va-t-il prendre le risque de ralentir les négociations ? Ce serait un signe très négatif. » La réunion de ce lundi permettra peut-être de clarifier la position du chef de l’Etat.