Devant le Congrès, Emmanuel Macron fixe le cap et ouvre la boîte à claques
Le président a fixé les priorités de son quinquennat, mais aussi réglé ses comptes
Une déclaration d’une heure et demie visant à fixer les grandes lignes de son quinquennat. A première vue, il n’y avait pas grandchose de folichon dans le discours d’Emmanuel Macron devant le Congrès, lundi, à Versailles. Entre les lignes, toutefois, le chef de l’Etat en a profité pour régler ses comptes avec l’opposition, les médias et ses prédécesseurs.
Tout va bien avec Edouard Philippe. Un rire vaut mille mots : « La France n’est pas un pays qui se réforme. C’est faux. Pardon, monsieur le Premier ministre, de vous annoncer devant le Congrès cette mauvaise nouvelle. » Dans un silence de cathédrale, seul l’intéressé se déride. L’image a un but : évacuer la polémique lancée par l’opposition ces derniers jours, qui accuse Emmanuel Macron d’« humilier » son Premier ministre en s’exprimant la veille de sa déclaration de politique générale. Au président le soin de « fixer le sens du quinquennat », à Edouard Philippe celui de « diriger l’action du gouvernement ».
Les affaires, c’est fini, oui ? Après les départs de François Bayrou, Marielle de Sarnez et Sylvie Goulard, c’est désormais à la ministre du Travail, Muriel Pénicaud, d’être inquiétée par la justice. Sans directement nommer les médias, le président a donc mis en garde : « J’en appelle à la retenue, j’appelle à en finir avec cette recherche incessante du scandale, le viol permanent de la présomption d’innocence (…) Cette frénésie est indigne de nous et des principes de la République. »
Un petit tacle pour Mélenchon et les absents. « Si la considération et la bienveillance que cela traduit à l’égard du Parlement apparaissent à certains comme une dérive condamnable, c’est sans doute qu’ils ont de leur rôle de parlementaire et du rôle du président de la République une conception vague que masquent mal l’arrogance doctrinaire ou le sectarisme […] », a dénoncé Emmanuel Macron, visant les élus centristes, communistes et insoumis absents à Versailles.
Hollande et Sarkozy en prennent pour leur grade. « Que vous [parlementaires] incarniez ces opinions différentes ne change rien à l’obligation collective qui pèse sur nous. Cette obligation est celle d’une transformation profonde, tranchant avec les années immobiles ou avec les années agitées, toutes aux résultats également décevants », a estimé le président, visant indirectement la présidence normale de François Hollande et l’hyperprésidence de Nicolas Sarkozy.