Les auteurs indépendants bousculent le genre
Chez Amazon, on les appelle les « indépendants ». Les auteurs auto-édités qui déposent leur livre sur la plateforme dédiée KDP sont si importants pour le géant américain du e-commerce que ce dernier leur consacre depuis trois ans un concours, Les Plumes francophones. A gagner : une liseuse, une traduction, de l’argent, mais aussi 20 000 € de publicité pour émerger parmi les 6,5 millions de livres numériques proposés sur Amazon.
Au milieu de cette offre pléthorique, le destin normal d’un ouvrage est de voir ses ventes plafonner à quelques exemplaires numériques ou papier. Une poignée connaît toutefois un succès fulgurant. « Dans le Top 100 de nos ventes numériques, il y a en permanence 40 % de livres indé », assure Ainara Bastard, manager de KDP France. Ainsi, cette semaine, Matthieu Biasotto, Cédric Charles Antoine ou Théo Lemattre trustent trois des cinq premières places du classement, loin devant les Musso, Thilliez ou Levy. Leur secret ? Des tarifs quatre à cinq fois moins élevés que ceux des best-sellers, mais, surtout, la professionnalisation de leur démarche. « Entre le graphiste qui m’a aidée pour la couverture, la correction et l’impression de quelques exemplaires que je peux vendre en direct, j’ai investi 1 200 € dans le lancement de mon dernier livre, J’ai demandé au hasard », détaille Gabrielle Desabers, l’une des pointures de l’auto-édition. Auteure de 4 ouvrages publiés en deux ans et lauréate 2016 des Plumes francophones pour D’ici ou d’ailleurs, elle revendique aujourd’hui 35 000 ventes. Mais ne compte pas répondre pour l’instant aux sirènes des maisons d’édition qui lui tournent autour. Amélie Antoine, lauréate de l’édition 2015 des Plumes francophones avec Fidèle au poste, a fini, elle, par signer chez Michel Lafon. Les ventes de son son thriller se sont emballées au point de conquérir 250 000 lecteurs. Son dernier roman, Quand on n’a que l’humour, est sorti en mai.
« La ligne éditoriale de l’auto-édition se décide au niveau des lecteurs. »
Ainara Bastard, KDP France
« L’édition traditionnelle fait face à un surplus de manuscrits envoyés, constate Ainara Bastard. La ligne éditoriale de ces maisons se décide dans les bureaux. Celle de l’auto-édition se fait au niveau des lecteurs. Elle peut bouger les codes. » Plus de choix pour les lecteurs, plus de variété sur les rayonnages, c’est aussi plus de travail pour le jury des Plumes francophones. L’année dernière, 1 174 auteurs avaient postulé. Les inscriptions pour l’édition 2017 seron closes fin août.