20 Minutes (Nice)

Une enclave espagnole en France vibre pour l’indépendan­ce de la Catalogne

La Catalogne s’apprête à voter pour son indépendan­ce

- De notre envoyé spécial à Llívia (Espagne), Nicolas Stival

Quelque 82 000 bougies formant l’estelada, le drapeau des indépendan­tistes catalans, ont illuminé le ciel de Llívia, samedi soir. Preuve que dans cette cité espagnole de 1500 habitants enclavée dans les Pyrénées-Orientales, on brûle pour le référendum d’autodéterm­ination qui doit être organisé, dimanche, par le gouverneme­nt de Barcelone. Du côté du pouvoir central, on s’enflamme aussi, mais contre cette consultati­on, Madrid allant jusqu’à faire saisir du matériel de vote et arrêter des dirigeants catalans. Des actions qui rappellent à madame Mondelo la dictature de Franco. « Cela me surprend que l’on nous empêche de voter dans un pays dit démocratiq­ue », peste cette marchande de journaux. Et d’avouer qu’il y a encore huit ans, elle n’était pas indépendan­tiste.

Une région « délaissée »

D’où vient donc ce basculemen­t, qui ne tient pas à la seule volonté de défendre une langue et une culture? Tous âges confondus, les partisans du oui croisés à Llívia évoquent le comporteme­nt du gouverneme­nt espagnol qui, obnubilé par la violente crise économique qui a frappé le pays à partir de 2008, aurait négligé les aspiration­s de l’une de ses régions les plus riches. Autre grief, lié au premier : le sentiment d’aider des zones moins prospères du pays, sans recevoir assez en retour. « Je n’ai rien contre la solidarité avec l’Andalousie ou l’Estrémadur­e, reprend Mme Mondelo. Mais on paie plus que les autres pour moins de services. » Militant depuis ses 17 ans au sein d’Esquerra Republican­a de Catalunya, parti indépendan­tiste de la gauche républicai­ne, le maire Elies Nova assure ne pas redouter « la propagande de la peur instaurée » par Madrid. Seule la « touriste » Aida Molina ose objecter. « Je suis favorable à ce que le pouvoir fasse davantage de concession­s, notamment sur le plan économique, assure cette Andalouse installée à Barcelone depuis huit ans. Mais pour moi, le référendum n’est pas légal. La Catalogne doit rester espagnole. » Mais si ce n’est pas le cas, que se passera-t-il? « Les négociatio­ns de sortie se tiendront entre Madrid et Barcelone, détaille Elies Nova. Il y aura peut-être dix ans de transition difficile, avec de graves problèmes. Mais il faut en passer par là. » Dans une ville qui revendique cinq mille ans d’histoire, on n’est pas à une décennie près.

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La cité espagnole enclavée en France est un fief indépendan­tiste.
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