Une enclave espagnole en France vibre pour l’indépendance de la Catalogne
La Catalogne s’apprête à voter pour son indépendance
Quelque 82 000 bougies formant l’estelada, le drapeau des indépendantistes catalans, ont illuminé le ciel de Llívia, samedi soir. Preuve que dans cette cité espagnole de 1500 habitants enclavée dans les Pyrénées-Orientales, on brûle pour le référendum d’autodétermination qui doit être organisé, dimanche, par le gouvernement de Barcelone. Du côté du pouvoir central, on s’enflamme aussi, mais contre cette consultation, Madrid allant jusqu’à faire saisir du matériel de vote et arrêter des dirigeants catalans. Des actions qui rappellent à madame Mondelo la dictature de Franco. « Cela me surprend que l’on nous empêche de voter dans un pays dit démocratique », peste cette marchande de journaux. Et d’avouer qu’il y a encore huit ans, elle n’était pas indépendantiste.
Une région « délaissée »
D’où vient donc ce basculement, qui ne tient pas à la seule volonté de défendre une langue et une culture? Tous âges confondus, les partisans du oui croisés à Llívia évoquent le comportement du gouvernement espagnol qui, obnubilé par la violente crise économique qui a frappé le pays à partir de 2008, aurait négligé les aspirations de l’une de ses régions les plus riches. Autre grief, lié au premier : le sentiment d’aider des zones moins prospères du pays, sans recevoir assez en retour. « Je n’ai rien contre la solidarité avec l’Andalousie ou l’Estrémadure, reprend Mme Mondelo. Mais on paie plus que les autres pour moins de services. » Militant depuis ses 17 ans au sein d’Esquerra Republicana de Catalunya, parti indépendantiste de la gauche républicaine, le maire Elies Nova assure ne pas redouter « la propagande de la peur instaurée » par Madrid. Seule la « touriste » Aida Molina ose objecter. « Je suis favorable à ce que le pouvoir fasse davantage de concessions, notamment sur le plan économique, assure cette Andalouse installée à Barcelone depuis huit ans. Mais pour moi, le référendum n’est pas légal. La Catalogne doit rester espagnole. » Mais si ce n’est pas le cas, que se passera-t-il? « Les négociations de sortie se tiendront entre Madrid et Barcelone, détaille Elies Nova. Il y aura peut-être dix ans de transition difficile, avec de graves problèmes. Mais il faut en passer par là. » Dans une ville qui revendique cinq mille ans d’histoire, on n’est pas à une décennie près.