La tubéreuse fleure bon le luxe
Presque oubliée sur la Côte, la culture de cette fleur entêtante est repartie à Pégomas
Récoltées à la main, une par une, les délicates fleurs blanches sont enfermées dans des sacs en toile de jute. Prêtes à être transformées en précieux élixir. « On est dans la pleine saison. Elle se cueille entre août et octobre », explique Joseph Mul, sur les 20 ha de son exploitation. Elle, c’est l’entêtante tubéreuse. Et c’est dans les champs de cet horticulteur issu d’une illustre famille azuréenne (lire l’encadré), à Pégomas, que Chanel la fait pousser. Pour Gabrielle, son dernier jus, notamment. Quasi abandonnée sur la Côte d’Azur, la culture de cette fleur, considérée comme la plus parfumée du règne végétal, a fait son retour en 2011 en pays de Grasse, à l’initiative de la maison de luxe.
Procédé unique d’extraction
« Le dernier producteur voulait se débarrasser de ses derniers bulbes de tubéreuse. Nous avons sauté sur l’occasion », raconte Fabrice Bianchi, le directeur d’exploitation. Six ans plus tard, son extrait, fabriqué directement sur cette parcelle dévolue en exclusivité à la marque aux deux C, est donc l’une des stars du parfum Gabrielle. Avec du jasmin, de l’ylang-ylang et de la fleur d’oranger, tous produits à l’étranger. La tubéreuse qui le compose, elle, est bien made in Côte d’Azur. « Les essences exotiques de cette fleur sont très différentes de celles que l’on arrive à obtenir ici, avance Olivier Polge, le nez de la maison parisienne. Il y a une question de terroir bien sûr. Mais ces champs de Pégomas sont aussi pour nous un véritable lieu d’expérimentation. Nous avons un laboratoire directement sur place qui nous permet de jouer sur la distillation. Nous avons développé une manière d’extraction qui lui donne une identité différente. » Les secrets de fabrication resteront bien gardés.