« La Catalogne sera un Etat indépendant »
Même s’il assure que la Catalogne deviendra une République, le président de la région a suspendu, mardi, la déclaration d’indépendance. Il en appelle au dialogue et à la négociation.
«Pas satisfait, mais c’est raisonnable », « j’espérais qu’on proclame l’indépendance ». Mardi soir à Barcelone, les sentiments étaient partagés sur le passeig Lluís-Companys, cette artère baptisée du nom du dernier homme politique à avoir proclamé l’indépendance de la Catalogne. Et qui fut exécuté par Franco en 1940. Un écran géant avait été installé pour suivre le discours du président séparatiste catalan Carles Puigdemont devant le Parlement. Discours qui devait avoir lieu à 18 h, mais qui a finalement été repoussé d’une heure, laissant se propager la rumeur que des négocations étaient en cours avec le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker ou un autre dirigeant de l’Union.
« Je reste convaincu que c’est la façon la plus raisonnable de gérer les choses. »
Emmanuel, un Français d’origine catalane
A 19h40, finalement, à l’issue d’une longue entrée en matière durant laquelle il a, notamment, dénoncé « les humiliations » et la « centralisation » de Madrid, Carles Puigdemont a promis que « la Catalogne sera[it] un Etat indépendant sous la forme d’une République ». Tout en annonçant « la suspension de la déclaration d’indépendance afin que, au cours des prochaines semaines, nous puissions entamer un dialogue » avec Madrid pour aboutir à une solution politique. Si les cris d’approbation ont fusé dans un premier temps, ils ont été rapidement couverts par des sifflets. « Il n’a pas donné de délai de négociation. Mais je reste convaincu que c’est la façon la plus raisonnable de gérer les choses actuellement », analyse Emmanuel. Ce Parisien d’origine catalane, et qui réside à Barcelone depuis neuf ans, s’est prononcé en faveur du référendum d’autodétermination, le 1er octobre. Un peu plus loin, Josep Maria et Guillermo, tous deux retraités, sont remontés. Le premier résume : « C’est une déclaration, pas une proclamation d’indépendance, donc ce n’est pas effectif. Ce sont les prolongations et on ne va pas perdre ce match. » Guillermo, lui, se réjouit que le chemin vers un Etat catalan n’ait jamais été aussi proche dans sa vie. « Il faut continuer à soutenir notre Parlement. Cette histoire va finir par la signature d’un pacte, je sens. Et Madrid va vouloir nous faire payer sa dette. »