Un boulanger vent debout contre l’industriel
Un boulanger niçois veut protéger la viennoiserie par décret
Dans son arrière-boutique, Frédéric Roy tape du poing sur... le fournil. Selon cet artisan de la rue de France, à Nice, 80 % des croissants vendus dans les boulangeries ne seraient désormais que du surgelé. Un chiffre « estimé » et difficile à vérifier qui a en tout cas poussé le commerçant à prendre la plume pour s’adresser directement au Premier ministre. « Dans la continuité du décret pain de 1993 qui fixait les règles de la baguette tradition, j’aimerais qu’un texte protège aussi les croissants tradition, fabriqués au jour le jour et surtout pas achetés à des industriels », explique-t-il en déballant le catalogue d’un des « démarcheurs » passés par sa boutique.
Sur le bureau du ministre
Selon lui, le décret devrait notamment fixer une seule et même recette : de la farine « tradition », du beurre AOP, du sucre, de la levure et c’est tout ! « Je vais personnellement passer mes croissants de 90 ct à 1 €, le prix de la qualité », annonce Frédéric Roy. Le cabinet d’Edouard Philippe, « attaché au savoir-faire artisanal », a déjà fait une première réponse au boulanger. Sa demande a été transmise au ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, chargé d’en « prescrire l’examen ». Cet éventuel texte « pourrait ensuite être élargi aux pains au chocolat », rêve le Niçois. Sa croisade pour l’un des symboles de la gastronomie française trouve en tout cas écho à l’étranger. Elle a fait déjà les gros titres du Telegraph, en Angleterre. « Preuve que le croissant est une richesse de notre patrimoine qu’il nous faut protéger », conclut Frédéric Roy.