20 Minutes (Nice)

L’Europe réclame des comptes à la France

La CEDH réclame des comptes à la France sur la mort, en 2009, de l’enfant

- Vincent Vantighem

Coups à répétition. Bains glacés. Nuits entières passées dans une cave… Le calvaire de la petite Marina Sabatier a duré six ans avant que les enquêteurs ne finissent par retrouver, en août 2009, son cadavre dans une caisse remplie de béton, au Mans (Sarthe). Cinq ans après la condamnati­on des parents de la fillette à trente ans de réclusion criminelle pour actes de torture et de barbarie, la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) réclame, aujourd’hui, des comptes à la France dans cette affaire. Selon nos informatio­ns, elle a adressé, le 27 septembre, une requête officielle à l’Etat français afin de savoir s’il a vraiment « respecté son obligation de protéger Marina contre les agissement­s de ses parents » avant que celle-ci meure. « C’est rare que ce genre de requête passe le filtre de la CEDH, se réjouit Rodolphe Costantino, l’avocat de l’associatio­n Enfance et partage, qui a lancé cette procédure en 2015. L’Etat va désormais devoir expliquer pourquoi la justice n’a pas mieux pris en compte les signalemen­ts de maltraitan­ces effectués à l’époque. »

Seize lésions découverte­s

Notamment celui du 19 juin 2008. Ce jour-là, le procureur du Mans reçoit le dossier de synthèse des enquêteurs sur l’affaire. Il contient un certificat médical de l’école faisant état de la découverte de seize lésions sur le corps de Marina. « Le 26 septembre, il est destinatai­re d’un courrier du conseil général indiquant que la famille déménage pour la troisième fois en un an, détaille Rodolphe Costantino. Le procureur aurait dû avoir un doute. Mais, non, il décide, le 6 octobre, de classer l’enquête sans suites. » La CEDH se demande donc, aujourd’hui, si la fillette n’aurait pas pu être sauvée sans ce « dysfonctio­nnement de la justice ». Lors de leur procès, les parents de Marina avaient avoué avoir déménagé cinq fois en deux ans dans le but d’échapper aux services sociaux. Et avoir encouragé leur enfant de 8 ans à mentir aux gendarmes sur l’origine de ses blessures lors d’une audition de trente minutes. Autant d’éléments que l’Etat devrait mettre en avant pour sa défense. C’est désormais au ministère des Affaires étrangères de formuler, au nom de la France, ses observatio­ns. Il a jusqu’au 13 février pour le faire. Contactée par 20 Minutes, la CEDH indique qu’elle devrait rendre une décision dans les mois qui suivront.

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Reproducti­on de l’avis de recherche de Marina diffusé en 2009 au Mans.

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