Donnez le « la » à l’accouchement
Le label d’humanisation des soins en maternité « Naître enchanté » vient d’être lancé
Tout est né un soir de juillet 2000, dans les bouchons parisiens. Magali Dieux accouche dans sa voiture… avec, à l’arrière, la fille de son compagnon, âgée de 6 ans. Pour ne pas l’effrayer en hurlant, Magali Dieux, chanteuse, émet des sons longs à chaque contraction. Et elle se rend compte qu’elle arrive à mieux contrôler ses douleurs. Après cinq accouchements, elle décide de faire connaître sa découverte, baptisée « Naître enchantés » qui est, depuis vendredi, un label. Désormais, les professionnels peuvent se former à cette approche.
Des sons graves et aigus
L’idée de ce nouveau label est de prendre en charge les douleurs physiques et psychiques, mais aussi un coaching des parents pour, qu’en équipe, ils traversent avec sérénité un événement souvent riche en émotions. Concrètement, ils sont formés en cinq séances à une trentaine d’outils qui peuvent les aider pendant l’accouchement. Au premier rang desquels la vibration. Les parents émettent des sons graves, qui calment, et des sons aigus, qui tonifient. « Notre objectif est de rester en lien avec le bébé et de vivre le mieux possible l’accouchement, quelles que soient leurs conditions techniques : péridurale, césarienne, transfert », explique Magali Dieux. Cette dernière a monté avec médecins, sages-femmes et statisticiens un protocole de recherche scientifique avec pas moins de trois cents couples afin de mieux connaître les effets de sa méthode. Des premiers résultats chiffrés sont attendus au printemps. A la maternité de Pertuis, dans le Vaucluse, toute l’équipe de la maternité a été formée à cette approche. « Ils ont été convaincus par ce protocole quand ils ont vu l’effet bénéfique sur les parents », assure Magali Dieux. « Les couples préparés sont autonomes, fiers et soudés, précise Sylvie Rodriguez, sage-femme cadre de la maternité de Pertuis. Et on se met facilement en symbiose. Il n’est pas rare ici de voir un gynéco vibrer avec les parents. » Après deux grossesses, Corinne a tout particulièrement apprécié cette méthode. « Je suis tombée par hasard sur une affiche de ‘‘Naître enchanté’’, se rappelle-t-elle. Pendant l’accouchement, j’ai pu rester à quatre pattes, sans péridurale, et j’ai utilisé le souffle et la voix pour accueillir la douleur et rester détendue. Tenir un son longtemps oblige à garder une respiration lente. » « On a besoin de réhumaniser les soins, car l’accouchement est devenu ultramédicalisé, poursuit Magali Dieux. Avant, la sage-femme était un soutien affectif, aujourd’hui elle gère des machines. » Plusieurs hôpitaux, comme ceux d’Aix-en-Provence et de Strasbourg, s’intéressent à ce label.