« La sexualité féminine est le sujet qui m’intéresse »
Le sulfureux réalisateur signe un conte érotique
L’annulation de sa rétrospective à la Cinémathèque, en novembre, n’a pas eu raison de Jean-Claude Brisseau. Le sulfureux cinéaste revient avec Que le diable nous emporte, un conte érotique, philosophique et pétillant de malice, tourné en 3D, autour de trois femmes bien décidées à s’épanouir avec ou sans les hommes. Malgré sa condamnation pour harcèlement sexuel en 2005, le réalisateur de Noces blanches persiste à 73 ans dans son traitement sans concession de la sexualité féminine et signe son film le plus optimiste à ce jour. Il s’en explique à 20 Minutes.
Comment pouvez-vous encore parler de sexe après toutes les polémiques dont vous êtes l’objet ?
La sexualité féminine est le sujet qui m’intéresse ! C’est un sujet important et je ne vois pas pourquoi j’arrêterais d’en parler. Que cela puisse choquer me donne envie de persévérer, mais je pense qu’on est train de nuire à la cause féministe en mélangeant tout. J’ai toujours essayé de mettre les femmes en valeur et c’est aussi le cas dans Que le diable nous emporte. Certaines sont même venues me remercier en me disant que mes films leur avaient fait découvrir le plaisir.
Ce n’est pas le cas de certaines de vos actrices… Quelles précautions devez-vous prendre pour filmer des scènes de sexe ?
Je n’ai jamais obligé personne à faire quoi que ce soit. Les actrices et acteurs qui tournent avec moi ont accepté le scénario avant le tournage. Si je leur fais faire des essais, ce n’est pas seulement pour les séquences érotiques, mais aussi pour les passages dramatiques particulièrement délicats. Estimez-vous être la victime d’une injustice ? Je suis très en colère. Les réseaux sociaux permettent d’accuser les gens sans aucune preuve. Cette « libéralisation de la parole » dont on parle tant me semble porteuse de réels dangers.
Etes-vous attentif aux propos qui s’échangent sur les réseaux sociaux ?
Je m’y refuse pour me protéger, mais on vit dans un climat que je trouve inquiétant. Quand on voit ce qui se passe dans le domaine des arts où on s’attaque au conte de fées en disant que le prince de La Belle au bois dormant est un prédateur sexuel, j’ai l’impression qu’on marche sur la tête.
« Les réseaux sociaux permettent d’accuser les gens sans aucune preuve. »