« Pour moi, il y aura un avant et un après ‘‘In the Fade’’ »
Diane Kruger est remarquable dans « In the Fade », un drame de Fatih Akin
Diane Kruger est fidèle à l’image qu’on se fait d’elle quand on la rencontre : naturelle, élégante et discrète. Dans In the Fade de Fatih Akin, elle joue le rôle de Katja, une mère de famille allemande qui voit son mari turc et leur fils de 6 ans mourir dans un attentat terroriste. Ce rôle lui a valu le prix d’interprétation féminine à Cannes. Une récompense méritée, tant la comédienne est remarquable dans ce film. Le scénario est inspiré d’une vague d’attentats commis par un groupuscule néonazi entre 2000 et 2011, qui a fait huit victimes et suscité une polémique en Allemagne parce que la police a longtemps cru qu’il s’agissait de règlements de comptes internes à la communauté turque, avant d’envisager la piste terroriste. Diane Kruger n’a pas hésité quand le cinéaste allemand d’origine turque lui a proposé le rôle, voyant d’abord une formidable occasion de « renouer avec la langue allemande et [ses] racines », elle qui a quitté l’Allemagne à 13 ans pour devenir danseuse en Angleterre, puis mannequin en France.
Six mois de préparation
Pour se préparer à ce rôle rude et violent, où elle apparaît sans fard mais tatouée, tout de cuir vêtue et consommatrice occasionnelle de drogues, la comédienne s’est rendue à Hambourg, là où vit Fatih Akin, afin d’y puiser les ressources nécessaires. Et elle a donné de sa personne dans ce film, c’est le moins qu’on puisse dire. La préparation a pris six mois, le temps de rencontrer des dizaines de familles ayant perdu leur enfant de mort violente. « C’est difficile de décrire l’horreur et la souffrance de ces gens au quotidien, estime-t-elle. Je me sentais une responsabilité vis-àvis d’eux. Leurs histoires me hantaient, et mon personnage a fini par me hanter à son tour. Je ne pouvais pas m’en défaire. » « Pour moi, il y aura un avant et un après In the Fade, confie-t-elle. A 41 ans, avec un peu de maturité, on a plus de choses à mettre dans ses personnages. » Pour autant, Diane Kruger ne l’envisage pas comme un tremplin pour sa carrière. « Chaque film vous fait avancer, mais les personnages féminins tout en nuances ne sont pas si fréquents, et je dois bien refuser 95 % des projets que je reçois. » Ce qu’elle accepterait volontiers, ce serait « de tourner un jour avec le réalisateur autrichien Michael Haneke », dont elle a adoré Amour.