20 Minutes (Nice)

Le témoignage du « logeur de Daesh » très attendu

Le procès de la première personne liée au 13-Novembre, Jawad Bendaoud, a débuté

- Vincent Vantighem Suivez l’audience sur le compte Twitter de notre journalist­e : @vvantighem.

Qu’il y ait des robes noires d’avocat dans une salle d’audience est logique. Qu’il n’y ait que des robes noires d’avocat dans une salle d’audience est impression­nant. Ils étaient près de 80 à occuper, mercredi, tous les rangs de la 16e chambre correction­nelle du tribunal de Paris pour représente­r les parties civiles au procès de Jawad Bendaoud et de deux autres prévenus.

Des comptes à rendre

Ce n’est pas que la 16e chambre est trop petite. C’est surtout que les attentats du 13-Novembre ont fait trop de victimes. Au moins 500 d’entre elles souhaitent réclamer des comptes au « logeur de Daesh ». Cloué sur un fauteuil roulant depuis les attentats, Bilal Mokono est la seule victime à avoir pu entrer dans le prétoire. Comment lui en refuser l’accès quand il justifie sa présence ainsi : « Je veux qu’il me regarde dans les yeux. On veut qu’il sache dans quelle difficulté il nous a mis. J’espère des excuses. » Risée d’Internet depuis l’interview qu’il a donnée le jour de l’assaut à Saint-Denis, le prévenu s’est contenté d’enlever sa veste, laissant apparaître un ventre rebondi, et de décliner son identité d’une voix forte. Isabelle Prévost-Desprez, la présidente, a ensuite détaillé avec une précision implacable les raisons pour lesquelles il comparaît : « Le 13 novembre 2015, dix terroriste­s ont perpétré une série d’attentats à Paris et à Saint-Denis, faisant 130 morts... » Jawad Bendaoud encourt six ans de prison pour en avoir hébergé deux lors de leur cavale. Mais, dès l’ouverture de ce procès qui doit durer trois semaines, Georges Holleaux, avocat des parties civiles, a réclamé que les faits soient requalifié­s. Le débat est technique : il s’agit de savoir si Jawad Bendaoud est « un homme » qui savait qu’il hébergeait des terroriste­s, ou « un terroriste » qui savait qu’il hébergeait des complices. Auquel cas, il risquerait douze ans de prison. La question sera tranchée à la fin du procès. Mais, pour le parquet, « M. Bendaoud n’est pas un terroriste ». Comme la présidente l’a rappelé, ce père de deux enfants s’est toujours défendu de toute radicalisa­tion, en avançant qu’il « fumait du shit » et « avait des posters de cul » dans sa cellule. C’est même pour cette raison qu’on le surnommait « 666 », en référence au « diable ». Un « diable » qui devrait être appelé ce jeudi à la barre pour se justifier.

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Bilal Mokono est la seule victime à être entrée dans le prétoire, mercredi.

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