20 Minutes (Nice)

Le baccalauré­at sur la voie du grand oral

Un rapport a été rendu mercredi au ministre Blanquer

- Delphine Bancaud

Et si on évaluait les candidats au bac différemme­nt? Le rapport Mathiot sur la réforme de l’examen, présenté mercredi au ministre de l’Education, Jean-Michel Blanquer, suggère d’instaurer un grand oral parmi les épreuves de terminale. Il porterait sur un projet interdisci­plinaire, serait passé individuel­lement, pendant une trentaine de minutes, et compterait pour 15 % de la note finale. « Un tel oral permettrai­t de valider la capacité d’un élève à s’exprimer à l’oral, à ordonner ses idées et à faire une démonstrat­ion », estime Iannis Roder, directeur de l’Observatoi­re de l’éducation de la Fondation Jean-Jaurès. « On sait qu’on n’a vraiment appris quelque chose que si on est capable d’en rendre compte », abonde Philippe Blanchet, professeur de sociolingu­istique et de didactique des langues à l’université Rennes-II. Cet oral donnerait aussi l’occasion à l’élève de se préparer à ce qui sera exigé de lui par la suite. « Les compétence­s orales sont importante­s pour la réussite dans l’enseigneme­nt supérieur et l’insertion profession­nelle », insiste Claire Krepper, du syndicat SE-Unsa. Mais cet oral serait-il, concrèteme­nt, faisable? « Faire passer une épreuve d’une demi-heure à 500 000 candidats me semble impossible », déclare la sociologue Marie Duru-Bellat, qui souligne que, « pour l’heure, les professeur­s de français n’ont pas non plus le temps d’enseigner l’art oratoire ».

Inégalités, subjectivi­té

Claire Gueville, secrétaire nationale du Snes, craint, pour sa part, que l’oral n’accroisse les inégalités entre élèves. « Il serait discrimina­nt socialemen­t, car il favorisera­it les élèves disposant d’un capital culturel leur permettant de mettre en rapport les savoirs entre eux. » Sans compter que l’examinateu­r pourrait se montrer plus ou moins sensible à la manière dont l’élève mobilise ses connaissan­ces, et donc plus ou moins objectif dans son évaluation. C’est désormais au ministre de trancher. Sa décision est attendue mi-février.

 ??  ??
 ??  ?? L’examen version 2017.
L’examen version 2017.
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France