20 Minutes (Nice)

Un bon grain de fantasy

Le dessinateu­r Richard Corben a reçu le Grand Prix d’Angoulême, mercredi

- De notre envoyé spécial à Angoulême, Olivier Mimran

Le 45e Festival internatio­nal de la bande dessinée d’Angoulême connaît déjà son Grand Prix, alors que la manifestat­ion n’ouvre ses portes que ce jeudi. Richard Corben, 77 ans, a été plébiscité mercredi par les auteurs et dessinateu­rs profession­nels pour succéder au Suisse Cosey, Grand Prix 2017. Peu connu du grand public, cet artiste hors norme fait pourtant la quasi-unanimité auprès des familiers du 9e art. « Cela fait d’ailleurs plusieurs années qu’il fait partie des favoris au Grand Prix », confirme Laurent Lerner, le fondateur des éditions Delirium qui ont publié en français les derniers ouvrages de l’Américain. Né dans le Missouri en 1940, Corben a commencé à publier des comics undergroun­d dès l’âge de 27 ans. Depuis, il n’a jamais cessé de dessiner. « Son relatif anonymat est dû à plusieurs paramètres, explique Laurent Lerner. Le principal, c’est que c’est un auteur de genre. » Corben a le plus souvent signé des récits de science-fiction et d’horreur (dès 1970, pour les magazines américains Eery, Creepy et Vampirella) avant de se lancer dans la fantasy grâce… à des Français, puisque c’est au feu magazine Métal hurlant qu’il a proposé ses premières sagas fantastiqu­es.

Visuelleme­nt très fort

Seconde raison de la méconnaiss­ance de son oeuvre par le grand public : son indépendan­ce. « Dans les années 1980, il a commencé à rencontrer du succès avec “Den”, et beaucoup pensaient qu’il allait devenir l’une des rares stars de l’époque, souligne Laurent Lerner. Mais Richard Corben est quelqu’un d’aussi indépendan­t humainemen­t qu’artistique­ment. Il a toujours travaillé avec des éditeurs indépendan­ts ou s’est autopublié, renonçant au soutien technique et financier de grosses structures. » Ce relatif anonymat est d’autant plus regrettabl­e que l’homme est un auteur complet. « On se focalise sur la première perception qu’on a de son univers artistique, à savoir le graphisme. C’est normal, c’est visuelleme­nt très fort. Mais grâce à ses acquis de réalisateu­r de courts-métrages, il a beaucoup travaillé sur le côté séquentiel de la narration, jusqu’à devenir un excellent raconteur d’histoires. » L’injustice est désormais réparée : l’auteur américain a reçu le prix du meilleur dessinateu­r étranger au festival d’Angoulême en 1976, ses derniers albums (Esprits des morts en 2016 et Rat God en 2017) ont fait partie de sa sélection officielle, et Corben y reçoit aujourd’hui la consécrati­on suprême.

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 ??  ?? Autoportra­it de l’auteur américain (à d.) et un extrait de Rat God, paru en 2016.
Autoportra­it de l’auteur américain (à d.) et un extrait de Rat God, paru en 2016.

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