20 Minutes (Nice)

Les femmes ont porté le mouvement #MeToo sur le devant de la scène à Sundance

Le festival du film de Sundance, qui se clôt dimanche, a mis en valeur une parole libérée

- De notre envoyé spécial à Park City (Etats-Unis), Philippe Berry

Dans vingt ans, on ne se souviendra pas de cette édition du festival de Sundance, qui se clôt dimanche à Park City (Utah), pour ses films. Car 2018 restera l’année zéro post-Harvey Weinstein, dominée par la parole des femmes libérée grâce aux mouvements #MeToo et #TimesUp.

Sundance montre l’exemple

Sur toutes les lèvres, le même message, résumé par l’actrice Tessa Thompson : que cette vague de témoignage­s qui déferlent aille au-delà du simple moment et « provoque un changement systémique » à Hollywood et dans la société. Alors que le nombre de réalisatri­ces en compétitio­n à Cannes se compte en général sur deux doigts, Sundance a montré l’exemple, avec plus d’un film sur trois sélectionn­és (38 %) réalisé par une femme. On a vu des documentai­res consacrés à l’avocate féministe Gloria Allred, à la juge de la Cour suprême Ruth Bader Ginsburg ou à l’actrice Jane Fonda. The Tale, dans lequel la réalisatri­ce Jennifer Fox examine ses souvenirs refoulés des abus sexuels qu’elle a subis à 13 ans, a reçu une standing ovation. Revenge, la fable vengeresse ultra-violente de la réalisatri­ce française Coralie Fargeat, dans laquelle Matilda Lutz chasse ses porcs, a été applaudi par les journalist­es. Et même s’il a été réalisé par les frères Zellner, Damsel émascule comme jamais le western avec l’actrice Mia Wasikowska qui n’a rien d’une demoiselle en détresse. Ces changement­s sont un début, mais ils ne vont pas assez loin. « On a eu assez de discussion­s, il faut passer à la politique », a plaidé lundi Tessa Thompson lors du brunch « Les femmes à Sundance ».

La résistance s’organise

Maggie, une jeune volontaire du festival, acquiesce, mais elle reste circonspec­te : « C’est bien de voir Jennifer Lawrence revendique­r la parité salariale Il faut que le changement aille jusqu’en bas, pour tous les inconnus, les assistants et les scénariste­s qui peinent à boucler leurs fins de mois. » La résistance s’organise. Depuis quelques jours, un document circule dans lequel des employés de l’industrie hollywoodi­enne partagent anonymemen­t leur salaire, afin de pouvoir réaliser un état des lieux. Coralie Fargeat est confiante : « Il y aura un avant et un après. Malgré les inévitable­s soubresaut­s, on ne reviendra plus en arrière. »

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Amy Emmerich de Refinery29 (un sponsor), l’actrice Tessa Thompson et la directrice du festival Keri Putnam (de g. à d.) au brunch «Les femmes à Sundance».

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