La déconcertante défense de Jawad Bendaoud
Jawad Bendaoud s’est exprimé jeudi à son procès
Il y a d’abord eu le rappeur Snoop Dogg. Puis Joey-Starr. Un sandwich escalope-Boursin. Juste avant l’ex-actrice porno Katsuni. Un gros joint de beuh. Sept grammes de cocaïne. Sans oublier une comptine enfantine. Ce cadavre exquis a servi de base, jeudi, au récit de Jawad Bendaoud devant le tribunal correctionnel de Paris, où il est jugé pour recel de malfaiteurs terroristes.
« Mus’ », squat et coke
Gastronomie, drogues et musique. Autant de domaines que le prévenu a convoqués pour assurer qu’il ne savait pas qu’il hébergeait dans son squat les terroristes du 13-Novembre. D’ailleurs, il n’a « découvert les images du Bataclan qu’une fois dans sa cellule ». A cause de cette « fille rencontrée dans un train » et qui, le 13 novembre, vers 22 h, l’a appelé pour lui dire qu’elle était enceinte de lui. « J’étais embrouillé avec ça. » Isabelle Prévost-Desprez n’a pas l’intention de faire témoigner la jeune femme. Et la présidente du tribunal accorde plus d’importance au dossier judiciaire qu’aux formules ponctuées de « Wesh » et de « nanani » de ce drôle de prévenu. Notamment les écoutes téléphoniques dans lesquelles il parle de « frères mus[ulmans] et rigolent à l’idée qu’ils puissent s’agir de terroristes ». « Je veux pas vous manquer de respect, ose-t-il. Mais, dans mon quartier, quelqu’un qui prie, c’est un “frère mus”. C’est une façon de parler. » Comme c’est une façon de vivre, selon lui, que de s’approprier un appartement pour le sous-louer et de trafiquer de la cocaïne en crack pour gagner sa vie. Le discours pourrait être comique. Mais, avec 130 morts au compteur des attentats, il apparaît pathétique. Et c’est bien pour cela que Jawad Bendaoud encourt une peine de six ans de prison. « J’aime trop la vie, j’aime trop les femmes, j’aime trop mon fils pour héberger des terroristes», martèle-t-il avant de lancer à la présidente : « Faites ce que vous voulez! Vous ne m’impressionnez pas! » Son procès doit durer jusqu’au 14 février.