La guerre des prix se poursuit
Le 12 octobre, Emmanuel Macron demandait à la grande distribution et aux industriels de modifier leurs pratiques de négociations commerciales pour « mettre fin à cette guerre de prix » qui pénalise les producteurs. Ces négociations opposent chaque année des milliers de producteurs et des PME de l’agroalimentaire d’une part, et les quatre centrales d’achat des enseignes d’autre part. Trois mois plus tard, le compte n’y est pas : « Les informations remontées du terrain font état de demandes de déflation très fortes », expliquait le ministre de l’Agriculture, Stéphane Travert, le 19 janvier. « Certains comportements [des acheteurs] sont dignes d’une garde à vue », affirme Valérie Weil-Lancry, directrice juridique chargée des relations commerciales à l’Association nationale des industries alimentaires (Ania).
Olivier Mevel, spécialiste de l’agroalimentaire, n’est pas surpris par ces comportements : « Cela fait quarante ans que ça dure et ça montre bien que lorsque l’on fait signer une charte d’engagement à des gens [les distributeurs] qui sont en position de force, ça ne sert à rien. » Aujourd’hui, éleveurs et producteurs attendent beaucoup de la nouvelle loi pour assainir les pratiques. Une mesure satisfait particulièrement les agriculteurs : les futurs contrats signés avec les industriels devront tenir compte de leurs coûts de production, pour leur permettre de dégager des revenus supplémentaires. Olivier Mevel ne se dit pas dupe : « Si l’on veut vraiment changer la manière dont les prix sont déterminés, il faut que la loi oblige les distributeurs à construire des démarches partenaires avec les industriels et les éleveurs. »