20 Minutes (Nice)

Un vent de révolte souffle dans les Ehpad

Les personnels des établissem­ents pour personnes âgées dépendante­s sont en grève ce mardi

- Anissa Boumediene

U n mouvement national d’une ampleur inédite. Ce mardi, sept syndicats, soutenus par l’Associatio­n des directeurs au service des personnes âgées (AD-PA) et des associatio­ns de retraités, appellent à la grève les personnels travaillan­t en établissem­ent d’hébergemen­t pour personnes âgées dépendante­s (Ehpad). La profession dénonce depuis des mois la détériorat­ion de ses conditions de travail, a fortiori celle des soins apportés aux résidents. Ce mardi, elle protestera aussi contre la réforme controvers­ée du financemen­t des Ehpad. Votée sous le précédent quinquenna­t, et poursuivie par l’actuelle majorité, elle vise à faire converger progressiv­ement, jusqu’à 2023, les budgets des Ehpad publics (43 % des établissem­ents) avec ceux du privé sur les enveloppes « soins » et « dépendance ».

« Des forçats »

Jeudi, la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, a rappelé que les moyens alloués aux Ehpad ont été augmentés de 100 millions d’euros dans le budget 2018 de la Sécurité sociale (dont 72 millions d’euros pour créer des postes de soignants). Elle a aussi annoncé le déblocage d’une enveloppe supplément­aire de 50 millions d’euros pour que les agences régionales de santé puissent « spécifique­ment accompagne­r les Ehpad les plus en difficulté », réaffirman­t sa volonté que la réforme se fasse « sans réductions de postes ». Un plan qui ne satisfait pas les acteurs du secteur. « La ministre et le gouverneme­nt sont à côté de la réalité, s’emporte Pascal Champvert, président de l’AD-PA. Il faudrait entre 3 et 5 milliards d’euros par an, et embaucher plusieurs centaines de milliers de personnels soignants. Cette grève traduit un mouvement sociétal de fond », pour un système à bout de souffle. « Les aides-soignantes travaillen­t comme des forçats, jusqu’à trois weekends par mois, le tout pour 1 200 €, zéro reconnaiss­ance et une montagne de stress », témoigne Vanessa, infirmière en Ehpad. Ce mardi, tous ses collègues seront grévistes, « mais ils iront quand même travailler, parce qu’il n’y a pas assez d’effectifs pour aller manifester et qu’il est impossible de laisser les résidents livrés à eux-mêmes! » Vanessa, elle, ne prendra pas part au mouvement, car elle est en arrêt pour burn-out. « Un jour, je n’ai plus pu aller au travail, je subissais trop de souffrance au quotidien. »

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L’ensemble du secteur réclame des moyens pour améliorer leurs conditions de travail et les soins aux résidents.

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