Un vent de révolte souffle dans les Ehpad
Les personnels des établissements pour personnes âgées dépendantes sont en grève ce mardi
U n mouvement national d’une ampleur inédite. Ce mardi, sept syndicats, soutenus par l’Association des directeurs au service des personnes âgées (AD-PA) et des associations de retraités, appellent à la grève les personnels travaillant en établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad). La profession dénonce depuis des mois la détérioration de ses conditions de travail, a fortiori celle des soins apportés aux résidents. Ce mardi, elle protestera aussi contre la réforme controversée du financement des Ehpad. Votée sous le précédent quinquennat, et poursuivie par l’actuelle majorité, elle vise à faire converger progressivement, jusqu’à 2023, les budgets des Ehpad publics (43 % des établissements) avec ceux du privé sur les enveloppes « soins » et « dépendance ».
« Des forçats »
Jeudi, la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, a rappelé que les moyens alloués aux Ehpad ont été augmentés de 100 millions d’euros dans le budget 2018 de la Sécurité sociale (dont 72 millions d’euros pour créer des postes de soignants). Elle a aussi annoncé le déblocage d’une enveloppe supplémentaire de 50 millions d’euros pour que les agences régionales de santé puissent « spécifiquement accompagner les Ehpad les plus en difficulté », réaffirmant sa volonté que la réforme se fasse « sans réductions de postes ». Un plan qui ne satisfait pas les acteurs du secteur. « La ministre et le gouvernement sont à côté de la réalité, s’emporte Pascal Champvert, président de l’AD-PA. Il faudrait entre 3 et 5 milliards d’euros par an, et embaucher plusieurs centaines de milliers de personnels soignants. Cette grève traduit un mouvement sociétal de fond », pour un système à bout de souffle. « Les aides-soignantes travaillent comme des forçats, jusqu’à trois weekends par mois, le tout pour 1 200 €, zéro reconnaissance et une montagne de stress », témoigne Vanessa, infirmière en Ehpad. Ce mardi, tous ses collègues seront grévistes, « mais ils iront quand même travailler, parce qu’il n’y a pas assez d’effectifs pour aller manifester et qu’il est impossible de laisser les résidents livrés à eux-mêmes! » Vanessa, elle, ne prendra pas part au mouvement, car elle est en arrêt pour burn-out. « Un jour, je n’ai plus pu aller au travail, je subissais trop de souffrance au quotidien. »