Le « reboot » n’en finit plus de se relancer
Pourquoi Marvel et DC Comics multiplient les reboots de leurs séries phares
«T out commence ici. » Ces gros bandeaux rouges accompagnent depuis plusieurs mois les derniers comics « Batman », « Superman » ou « Wonder Woman ». Tout commence ici, mais quoi ? A regarder de plus près les couvertures, on note un discret « Rebirth » sous l’écusson DC. L’éditeur de comics américain a rebooté son univers et ses séries en mai 2016 aux Etats-Unis, et un an plus tard en France. Et cette « renaissance » intervient à peine cinq ans après un précédent reboot, qui voyait 52 des séries DC les plus populaires repartir de zéro. D’où son nom de « The New 52 » outre-Atlantique, traduit par « Renaissance » chez nous. Vous êtes perdus ? Normal. « En traduisant “The New 52” par “Renaissance” en France, et maintenant avec “Rebirth”, nous avons pu créer une certaine confusion », admet François Hercouët, directeur éditorial d’Urban Comics qui gère les titres DC depuis 2012. Son concurrent direct, Marvel, a aussi multiplié les relances avec « Marvel Now! », « All-New Marvel Now! » et « Marvel Legacy ».
Mondes parallèles
Trop, c’est trop ? « Les “relaunchs” sont trop fréquents, commente Douglas, un fan de comics. Ça devient lourd. » En un siècle, les deux maisons d’édition ont régulièrement revisité les origines de leurs super-héros et ont créé des mondes parallèles. « A force, ils se sont retrouvés avec une cinquantaine de planètes, explique François Hercouët. En 1985, DC lance l’arc “Crisis on Infinite Earths”, dont le but est de faire table rase du passé, de faire fusionner toutes les planètes. Le message était : “C’est bon, ne vous inquiétez pas, on a tout rangé.” » Il s’agit du premier reboot DC. Chez Marvel, les multiples univers continuent de coexister. « Les reboots sont une manière de rafraîchir les choses et de permettre aux auteurs de revisiter d’anciens héros avec un nouveau regard, sans trop se soucier de leur passé, commente Mikel Janin, dessinateur de “Batman Rebirth”. Mais cet héritage est important pour les lecteurs, car il a façonné les personnages. Vous ne pouvez pas vous en débarrasser sans les dénaturer. » Le reboot « New 52 », en 2011, avait été un succès commercial, mais les puristes ne s’y retrouvaient pas. « Selon eux, l’âme de DC n’était plus là, explique François Hercouët. “Rebirth” se veut la réponse à ces critiques, avec un retour à une saga plus familiale, à des super-héros plus inspirants. »