20 Minutes (Nice)

Des familles en rupture

Les conditions d’hébergemen­t se détérioren­t après une rupture

- Delphine Bancaud

Dans son rapport annuel rendu public ce mardi, la Fondation Abbé-Pierre pointe les conséquenc­es, souvent terribles, d’une séparation sur le logement.

U n drame sentimenta­l peut entraîner des problèmes de logement. Une situation dont se fait écho le rapport annuel sur le mal-logement de la Fondation Abbé-Pierre, rendu public ce mardi. Après une séparation, des personnes ne parviennen­t plus à payer leurs loyers. « J’ai dû me loger dans le parc privé car les studios sont trop chers, témoigne Lydie, qui s’est séparée de son conjoint lorsqu’elle était enceinte. Les demandes de logements sociaux prennent une éternité. Du coup, j’ai plusieurs mois de loyers impayés. » En se cumulant, ces impayés peuvent conduire à des expulsions .« Les familles mo no parentales* représenta­ient 32 % des expulsés en 2016 », précise Manuel Domergue, directeur des études de la Fondation Abbé-Pierre. Ces dernières sont souvent contrainte­s de trouver d’autres moyens de se loger. « Je vis dans un hôtel avec mes trois enfants au bord d’une nationale dans les Yvelines, raconte Fatoumata. N’ayant pas de mode de garde, je postule aux offres d’emploi sans garantie de pouvoir occuper un poste. » Quant aux ex-conjoints propriétai­res, ils Des familles sont contrainte­s de vivre dans des logements plus exigus. sont souvent obligés de vendre leur logement pour en louer un de moindre qualité. Les déménageme­nts après divorce amènent les enfants à occuper un logement d’en moyenne 15 m2 de moins que leur ancienne maison, rapporte une étude de l’Insee. C’est le cas de Bintou** qui vit, sans pension alimentair­e, avec ses cinq enfants dans un logement social de 50 m2 à Paris. « Nous vivons péniblemen­t dans un faux trois-pièces, déplore-t-elle. Mes quatre garçons âgés de 10, 11,14 et 16 ans dorment dans la même chambre. Et moi, je dors avec ma fille dans le même lit » Un habitat exigu qui n’est pas sans risques. « Dans de tels logements, la capacité des personnes à se reposer est altérée, observe Manuel Domergue. Et ce manque de sommeil a des conséquenc­es sur la capacité de concentrat­ion des enfants à l’école et sur le niveau de stress des parents. » Aussi, le fait de ne pas avoir un logement correct peut influer sur la fréquence des contacts entre parents et enfants. « Divorcé avec un revenu de 1300 € et une pension alimentair­e à verser, je n’ai pu louer qu’un studio qui m’oblige à partager mon lit avec l’un de mes fils de 15 ans », rapporte un de nos lecteurs. « Les politiques du logement sont peu réactives, constate Manuel Domergue. On devrait construire davantage de tailles intermédia­ires à des prix abordables. » *Selon l’Insee, une famille monoparent­ale comprend un parent isolé et un ou plusieurs enfants célibatair­es. ** Le prénom a été changé.

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Dans un centre d’hébergemen­t à Lyon, en 2010.
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Les familles monoparent­ales représenta­ient 32 % des expulsés en 2016.

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